Premier sommet UE-CCG à Bruxelles : une rencontre historique sous le signe de la crise au Moyen-Orient et du renforcement des relations économiques
Les chefs d’État et de gouvernement des six pays arabes membres du Conseil de coopération du Golfe (CCG) et les 27 États de l’Union européenne (UE) se rencontrent ce mercredi 16 octobre 2024 à Bruxelles pour le premier sommet réunissant ces deux organisations régionales. Cet événement marque une étape historique dans le développement du partenariat stratégique entre les deux blocs, alors que des enjeux politiques, économiques et sécuritaires de premier plan sont au cœur des discussions.
Un sommet à portée stratégique
Jassem Al-Budaiwi, secrétaire général du CCG, a qualifié ce sommet de « station historique importante » dans le cadre des relations entre les pays du Golfe et l’Europe. Il a souligné que cette rencontre traduit l’engagement des deux parties à renforcer leur coopération face aux défis régionaux et internationaux croissants, notamment dans des domaines aussi cruciaux que la sécurité et la stabilité au Moyen-Orient. Le sommet se déroule sous la présidence conjointe de l’émir du Qatar, Cheikh Tamim ben Hamad Al Thani, président en exercice du CCG, et de Charles Michel, président du Conseil européen.
Il s’agit du premier sommet de ce type à se tenir au niveau des chefs d’État et de gouvernement depuis l’établissement officiel des relations entre le CCG et l’UE en 1989. Trente-trois dirigeants, issus des six États du Golfe (Arabie saoudite, Bahreïn, Émirats arabes unis, Koweït, Oman et Qatar) et des 27 pays de l’Union européenne, y participent. Ce sommet revêt une importance stratégique dans un contexte international marqué par des tensions croissantes.
La crise au Moyen-Orient : un sujet central
Le principal sujet à l’ordre du jour du sommet est la crise au Moyen-Orient, et plus précisément les opérations militaires israéliennes à Gaza et au Liban, ainsi que le risque d’une escalade du conflit dans la région. Selon des diplomates européens, l’une des priorités de cette rencontre est de trouver des moyens pour éviter une « guerre totale » au Moyen-Orient. Cette crainte est exacerbée par les récentes tensions entre Israël et le Hezbollah au Liban, un groupe considéré comme une organisation terroriste par plusieurs pays, dont les États-Unis, l’Union européenne et le Royaume-Uni.
L’Union européenne a appelé à plusieurs reprises à un cessez-le-feu à Gaza et au Liban, tandis que les pays du Golfe ont réaffirmé leur soutien à la création d’un État palestinien, jouant un rôle actif dans les efforts de négociation en vue d’un cessez-le-feu à Gaza.
Commerce, énergie et climat : des axes de coopération renforcés
Outre la crise régionale, le sommet UE-CCG aborde également des sujets essentiels tels que le commerce, l’investissement, l’énergie et la lutte contre le changement climatique. Les deux blocs cherchent à renforcer leurs échanges économiques, l’UE étant actuellement le deuxième partenaire commercial des pays du Golfe. Cependant, les négociations sur un accord de libre-échange, entamées dans les années 1990, demeurent suspendues.
Malgré cette volonté commune de renforcer la coopération économique, des divergences persistent entre les deux blocs sur d’autres questions, notamment la guerre en Ukraine. Toutefois, selon un diplomate européen, les points de vue sont plus alignés sur le Moyen-Orient, avec un objectif commun : la stabilité et la désescalade dans cette région clé.
La participation de haut niveau
La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, et le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, participent au sommet aux côtés des chefs d’État et de gouvernement des pays de l’UE et du CCG. Parmi les représentants du Golfe, l’Arabie saoudite a confirmé que le prince héritier et Premier ministre, Mohammed ben Salmane, dirige la délégation du royaume. Le Koweït est représenté par son premier ministre Son Altesse Sheikh Ahmad Al Abdullah Al Sabah.
Ce sommet historique intervient à un moment crucial pour les deux régions, alors qu’elles cherchent à surmonter les crises sécuritaires et à saisir de nouvelles opportunités de coopération économique. Il s’agit d’un premier pas vers un renforcement durable des relations entre l’Europe et les pays du Golfe, dans un contexte mondial de plus en plus complexe et interconnecté.