Arrestation de Boualem Sansal : trois eurodéputés franco-marocains réclament un débat urgent au Parlement européen
Le Parlement européen se penchera ce mercredi après-midi sur une affaire qui agite à la fois les milieux littéraires et politiques français. L’arrestation en Algérie de l’écrivain Boualem Sansal, récemment naturalisé français par décret présidentiel, a suscité une vive indignation. En réponse, trois groupes politiques au Parlement européen — les Conservateurs et Réformistes européens (ECR), les Verts/ALE, et Europe des Nations et des Libertés (ESN) — ont exigé qu’un débat urgent soit inscrit à l’ordre du jour de la session plénière en cours à Strasbourg.
Une mobilisation multipartite pour Boualem Sansal
Sarah Knafo, eurodéputée franco-marocaine, compagne d’Éric Zemmour et membre du groupe ECR, un nouveau petit groupe apparenté à l’extrême droite, a soumis une proposition visant à inclure un débat intitulé : « Appel au gouvernement algérien pour qu’il libère l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal et mette fin à toutes les détentions au secret ». Cette démarche a trouvé écho chez d’autres groupes parlementaires.
Le groupe des Verts/ALE a proposé une variante élargie, demandant une enquête approfondie sur la disparition forcée de Boualem Sansal et sur les pratiques de détention arbitraire en Algérie. À l’origine de cette initiative se trouvent deux eurodéputés franco-marocains, Majdouline Sabai et Mounir Satouri, qui ont insisté sur l’urgence de lutter contre la répression systémique dans le pays.
De son côté, le groupe ESN, connu pour ses positions souverainistes, a appelé explicitement à la libération immédiate de Boualem Sansal. Il a décrit l’écrivain comme un symbole de la lutte pour les libertés fondamentales.
Le compromis au Parlement européen
Pour répondre aux différentes propositions et garantir un consensus, la Présidente du Parlement européen a suggéré un compromis. Le débat de ce mercredi après-midi portera sur un sujet élargi intitulé : « L’arrestation de l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal, appel à sa libération immédiate et inconditionnelle, et la répression de la liberté d’expression en Algérie ». Ce compromis a reçu un large soutien, avec 415 votes favorables sur un total de 720.
Boualem Sansal est reconnu pour ses critiques virulentes à l’encontre de l’Algérie. Auteur de trois livres salués par l’extrême droite française, il est également une figure controversée, ses déclarations cinglantes sur l’histoire et la politique de l’Algérie ayant souvent provoqué des tensions.
Les implications pour l’Union européenne
Ce débat au Parlement européen est présenté comme dépassant le cas individuel de Boualem Sansal. En tant que promoteur des droits de l’homme, l’Union européenne pourrait jouer un rôle clé en faisant pression sur l’Algérie. L’objectif déclaré est double : obtenir la libération de Sansal et dénoncer la répression de la liberté d’expression en Algérie.
Si le débat conduit à une déclaration officielle, celle-ci pourrait inclure une condamnation ferme de l’arrestation et un appel à des actions diplomatiques coordonnées. Toutefois, certains observateurs soulignent une problématique récurrente : le « deux poids, deux mesures » des institutions européennes.
Alors que l’Union européenne s’attaque aux violations des droits de l’homme dans des pays comme l’Algérie, d’autres crises internationales, telles que les accusations de génocide perpétré par Israël à Gaza, restent largement impunies malgré les enquêtes ouvertes par la Cour pénale internationale (CPI). Les critiques sur la sélectivité des priorités européennes ne manqueront pas d’alimenter les débats, rappelant que la lutte pour les droits humains reste un champ de tensions géopolitiques complexes.