Mohamed Hani : “L’extrême droite française ferait mieux de balayer devant sa porte”

Le député algérien Mohamed Hani, figure indépendante de l’Assemblée Populaire Nationale (APN), a été salué par de vifs applaudissements lors de son intervention devant plus de 400 parlementaires algériens. Il a dénoncé avec vigueur les propos récents de certains eurodéputés français d’extrême droite, prononcés lors de la séance plénière du Parlement européen consacrée au dossier controversé de Boualem Sansal. Hani n’a pas mâché ses mots en accusant cette mouvance politique de racisme, de xénophobie et d’ingérence injustifiée dans les affaires souveraines de l’Algérie.

Lors de son allocution, Mohamed Hani a commencé par contextualiser la situation en soulignant une escalade verbale qu’il qualifie de “venin” déversé sur l’Algérie depuis plusieurs années par certains politiciens français, principalement issus de l’extrême droite. Faisant référence à des déclarations tenues récemment au Parlement européen, il a mis en lumière le vocabulaire injurieux employé pour qualifier l’Algérie et son gouvernement, dénonçant le recours au mot “régime” pour désigner l’État algérien.

“Le terme ‘régime’ utilisé aujourd’hui pour attaquer l’État algérien est un héritage du régime de Vichy, ce régime collaborateur, dirigé par le criminel Maréchal Pétain, qui a non seulement persécuté les juifs français mais a aussi fait jeter des Algériens dans la Seine à Paris.” Une référence directe au massacre du 17 octobre 1961, lorsque des manifestants algériens furent violemment réprimés par la police française sous les ordres du préfet Maurice Papon.

Hani n’a pas hésité à rappeler que le régime de Vichy (1940-1944) a été un gouvernement collaborateur avec l’Allemagne nazie, responsable de la déportation de milliers de juifs français vers les camps de concentration. Il a habilement établi un parallèle entre ce passé sombre et l’idéologie actuelle de l’extrême droite française, qu’il accuse de tenter de réécrire l’histoire en se positionnant comme défenseur d’Israël, tout en opprimant ceux qui soutiennent la cause palestinienne.

Le député algérien a souligné l’ironie de voir cette même mouvance politique défendre des écrivains comme Boualem Sansal, accusé par l’Algérie d’atteinte à son intégrité territoriale. “Ce territoire a été libéré au prix du sang de 1,5 million de martyrs. Que cette extrême droite cesse de donner des leçons et de s’immiscer dans nos affaires intérieures,” a martelé Hani.

Boualem Sansal, un point de crispation

Boualem Sansal, écrivain algérien controversé, est accusé par la justice algérienne de tenir des positions remettant en cause l’intégrité territoriale de l’Algérie. Soutenu par plusieurs figures de l’extrême droite française, il a récemment fait l’objet d’une prise de parole au Parlement européen appelant à sa libération et dénonçant ce que les eurodéputés français de l’extrême droite qualifient de répression contre les droits culturels et d’expression en Algérie.

Mohamed Hani a rejeté cette prise de position européenne, la qualifiant d’ingérence dans les affaires internes de l’Algérie. Il a également mis en parallèle la condamnation de figures sportives, culturelles et littéraires en France pour leur soutien à la cause palestinienne avec le soutien inconditionnel apporté à Sansal. Une contradiction évidente selon lui, qui témoigne de l’hypocrisie de ces politiciens.

Dans son discours, Mohamed Hani sans mentionner de nom a mis en exergue le rôle de l’extrême droite française actuelle et l’héritage qu’elle porte. Il a pointé du doigt Marion Maréchal, petite-fille de Jean-Marie Le Pen (fondateur du Front National, devenu Rassemblement National) et nièce de Marine Le Pen. Maréchal incarne une frange radicale du mouvement, connue pour ses positions ultra-conservatrices et nationalistes. Mohamed Hani a critiqué l’hypocrisie de ces figures politiques, prônant une vision déformée de la liberté d’expression lorsqu’il s’agit de défendre leurs propres intérêts idéologiques.

Mercredi dernier, au Parlement européen de Strasbourg, des eurodéputés d’extrême droite ont utilisé des termes jugés “infâmes” par Hani pour qualifier le gouvernement algérien, tout en appelant à la libération de Sansal. Cette session a mis en lumière un clivage profond entre ceux prônant une approche interventionniste vis-à-vis de l’Algérie et ceux appelant à la non-ingérence. Hani a clairement rejeté ces critiques, rappelant que l’Algérie est une nation souveraine et que l’extrême droite française devrait se concentrer sur ses propres problèmes internes, notamment les tensions sociales croissantes en France.

Mohamed Hani a lancé un appel fort : “Balayez devant votre porte avant de venir juger la nôtre.” Il a exhorté les politiques français à se souvenir de leur propre histoire tumultueuse et des responsabilités de leur passé colonial avant de s’ériger en donneurs de leçons. À travers ce discours, le député algérien a non seulement défendu l’honneur de son pays, mais a aussi souligné les contradictions d’un courant politique cherchant à instrumentaliser les relations internationales pour ses propres fins.

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