Le Mercosur : un accord qui démasque le déclin de la France et le triomphe de l’Allemagne
L’accord commercial entre l’Union européenne (UE) et le Mercosur, conclu après 25 ans de négociations, est bien plus qu’un simple traité économique. Il met en lumière de manière brutale les déséquilibres persistants entre la France et l’Allemagne, ainsi que les fragilités structurelles et stratégiques de la France sur la scène européenne et internationale.
Pendant des décennies, l’Europe a cultivé l’idée du « couple France-Allemagne », présenté comme la pierre angulaire de l’intégration européenne. En réalité, le couple franco-allemand est un mythe, voire une illusion politique, car en vérité, ce partenariat s’apparente de plus en plus à une domination allemande dissimulée derrière des discours d’unité. La France, affaiblie par une économie vacillante, des crises politiques internes récurrentes et une diplomatie de plus en plus marginalisée, n’a cessé de perdre du terrain face à une Allemagne économiquement puissante et politiquement pragmatique.
Il faut savoir que l’arrivée d’Ursula von der Leyen, ancienne ministre de la Défense allemande, à la tête de la Commission européenne, a marqué une étape supplémentaire dans cette dynamique. Ses deux mandats successifs symbolisent la mainmise de Berlin sur l’agenda européen, au détriment de Paris. L’accord Mercosur, signé dans l’euphorie à Montevideo, est une victoire éclatante pour l’Allemagne, qui y voit une opportunité pour son industrie exportatrice, et une humiliation pour la France, qui peine à défendre ses intérêts agricoles et environnementaux.
L’accord UE-Mercosur prévoit une zone de libre-échange couvrant plus de 700 millions de personnes et offrant aux entreprises européennes, principalement allemandes, de vastes débouchés en Amérique du Sud. Cependant, ce traité suscite une vive opposition en France, où il est perçu comme une menace existentielle pour les agriculteurs. C’est un désastre annoncé pour la France
L’Allemagne, confrontée à un ralentissement économique et à une chute de ses exportations, voit dans le Mercosur une bouée de sauvetage. La Fédération de l’industrie allemande a salué l’accord comme un catalyseur de croissance, démontrant l’alignement entre Berlin et Bruxelles sur les priorités économiques.
Tout simplement, l’Allemagne triomphe devant une France de plus en isolée puisqu’ à l’inverse, la France considère cet accord comme un cheval de Troie. Les agriculteurs français, déjà fragilisés par les crises successives, craignent une invasion de viande de bœuf et de volaille à bas prix, produite dans des conditions bien moins rigoureuses que les normes européennes. Par ailleurs, le Brésil de Jair Bolsonaro, principal acteur du Mercosur, a souvent été critiqué pour sa gestion désastreuse de la déforestation en Amazonie. En signant cet accord, l’UE semble sacrifier ses engagements climatiques sur l’autel du commerce.
Il me semble que le gouvernement français, bien que critique, peine à mobiliser une coalition suffisamment forte pour bloquer la ratification. L’Italie, hésitante, pourrait être l’arbitre de ce dossier, mais son soutien reste incertain. Pendant ce temps, l’Allemagne avance ses pions avec efficacité, illustrant une fois de plus l’incapacité de la France à peser sur les grandes décisions européennes.
Les failles structurelles de la France sont une tragédie européenne et un déclin économique alarmant et pour cause, le poids économique de la France dans l’UE diminue drastiquement, alors que l’Allemagne continue de dominer grâce à son industrie et sa capacité à exploiter les marchés mondiaux, la France s’enlise dans une stagnation économique, aggravée par une dette publique écrasante et des réformes structurelles insuffisantes. Cette fragilité affaiblit sa capacité de négociation à Bruxelles.
J’ajoute que la diplomatie française, autrefois influente, semble aujourd’hui réactive plutôt que proactive. Le leadership français au sein de l’UE s’érode, comme en témoigne son incapacité à contrer les initiatives allemandes. L’accord Mercosur est un exemple frappant de cette impuissance.
Il faut dire que la France se présente encore comme une « grande nation » en Europe, mais ses actions manquent de cohérence et de vision stratégique. Alors que l’Allemagne impose ses priorités à l’UE, la France apparaît souvent divisée entre ses ambitions nationales et son rôle européen pendant qu’une machine bien huilée représentée par l’Allemagne et la Commission avance. La signature de l’accord Mercosur témoigne de l’efficacité du système allemand. Ursula von der Leyen, fidèle à ses racines politiques, a poursuivi avec constance les intérêts de Berlin, même au prix de tensions avec Paris. Cette cohérence contraste avec le flou de la politique française, prise entre des revendications agricoles, environnementales et géopolitiques souvent contradictoires.
Une question s’impose cependant, que faire ? quelles options de la France pour contrer cet accord et retrouver une place significative en Europe ? la France doit repenser en profondeur sa stratégie. Elle doit construire des alliances solides pour élargir le front anti-Mercosur en convainquant d’autres pays européens de ses dangers économiques et environnementaux. Elle doit renforcer son économie pour devenir plus à même de peser dans les négociations européennes. En s’alignant sur les préoccupations climatiques, Paris pourrait s’imposer comme un leader moral et politique en Europe. Enfin en modernisant sa diplomatie européenne et en évitant les divisions internes et en proposant une vision ambitieuse pour l’avenir, la France pourrait à terme se frayer un chemin au niveau européen si et seulement si elle s’émancipe des lobbies sionistes qui dominent dans les prises de décision de ses diplomates au niveau de l’exécutif européen et dans les prises de position des eurodéputés des partis de l’extrême droite française et certains autres éléments issus d’autres partis français dit modérés.
Ce qui est certain, c’est que l’accord Mercosur n’est pas seulement un traité économique, il est le révélateur des failles profondes qui fragilisent la France au sein de l’Europe. Il démasque la réalité sur le mythe du couple franco-allemand au sein de l’UE. Si Paris continue de subir les initiatives allemandes sans réagir, elle risque de voir son influence s’éroder davantage, jusqu’à devenir une puissance de second rang dans un projet européen dominé par Berlin.