Abdelmadjid Tebboune devant le Parlement : Diplomatie franco-algérienne et liberté d’expression au cœur du discours
Cette fin d’année, le président algérien Abdelmadjid Tebboune a pris la parole devant les deux chambres du Parlement réunies en session extraordinaire pour clôturer l’année 2024. Cet événement, à la fois solennel et rare, a été marqué par des déclarations importantes portant sur les relations entre l’Algérie et la France, ainsi que sur des sujets délicats liés à la liberté d’expression et à la situation des intellectuels dans le pays.
Une diplomatie franco-algérienne sous le signe du respect mutuel
Dans son allocution, Abdelmadjid Tebboune a mis en avant le caractère stratégique du partenariat algéro-français, tout en soulignant l’importance d’une relation fondée sur le respect mutuel et une coopération équilibrée. « Les relations avec la France doivent évoluer dans un esprit de confiance et de respect réciproque », a déclaré le président, faisant référence aux récentes tensions diplomatiques entre les deux pays.
Ces relations, souvent marquées par des périodes de rapprochement suivies de crispations, restent fragiles. Malgré cela, le président algérien a assuré que l’Algérie demeure ouverte au dialogue, tout en réaffirmant son attachement à la souveraineté nationale.
Boualem Sansal ne connaît pas son père : une expression qui en dit long
L’expression « Tel ne connait pas son père », bien ancrée dans le langage populaire algérien, désigne quelqu’un qui prétend détenir le savoir tout en ignorant ses fondements. En utilisant cette formule, Abdelmadjid Tebboune a répondu, sans jamais mentionner explicitement son nom, aux récentes déclarations de Boualem Sansal, qui avait affirmé que la partie ouest de l’Algérie appartenait historiquement au Maroc.
Le président a déclaré avec une intensité palpable : « Je suis fier d’être le fils de nos Martyrs, je suis fier d’être le fils de Ben Boulaïd, je suis fier d’être le fils de Lotfi, d’Amirouche, d’El Haouass et tant d’autres héros de la révolution. Et vous m’envoyez un imposteur me dire que l’Ouest de l’Algérie appartenait au Maroc ! »
Ces propos, à la fois émotionnels et fermes, visaient clairement à rappeler l’histoire commune et sacrée de l’indépendance algérienne, tout en discréditant les déclarations de Sansal.
Faisant indirectement référence à l’écrivain et ancien cadre étatique Boualem Sansal, Tebboune a abordé la question de la liberté d’expression. « L’Algérie est un État de droit où la liberté d’expression est garantie, mais elle ne peut servir de prétexte pour compromettre la stabilité et la sécurité nationale », a-t-il déclaré.
Le discours du président a tracé une ligne claire entre ouverture démocratique et fermeté face aux menaces perçues. Il a réaffirmé l’engagement de l’Algérie envers les principes de démocratie et de liberté de la presse, tout en condamnant fermement toute tentative de déstabilisation orchestrée par des acteurs internes ou externes.
Quel avenir pour les relations franco-algériennes ?
L’avenir des relations entre Alger et Paris dépendra de la capacité des deux pays à dépasser leurs différends historiques et à coopérer sur des enjeux concrets, notamment économiques et sécuritaires. Le discours de Tebboune, oscillant entre fermeté et volonté de dialogue, semble tracer une voie possible pour une stabilisation des relations.
Le président Tebboune a envoyé un double message : une main tendue pour une coopération constructive avec la France, mais aussi une ligne rouge infranchissable lorsqu’il s’agit de la souveraineté et de la stabilité de l’Algérie.