Une participation historique : Ibrahim Boughali brise le silence sur Atipik TV
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Pour la première fois, le président de l’Assemblée Populaire Nationale (APN) d’Algérie, M. Ibrahim Boughali, a pris la parole en français sur une chaîne internationale, Atipik TV, lors de l’émission phare Le Vrai Dialogue, présentée par Lila Lefèvre depuis le Parlement européen à Bruxelles. Un moment inédit et historique, qui marque un tournant dans la reconnaissance des crimes coloniaux perpétrés par la France en Algérie.
Malgré le fait que le français ne soit que sa troisième langue, M. Boughali a tenu à s’exprimer dans cette langue afin que toute la communauté francophone du monde entier puisse prendre conscience d’une vérité occultée : les explosions nucléaires menées par la France entre 1960 et 1966 dans le sud algérien. Ce témoignage puissant rappelle l’ampleur des souffrances humaines et environnementales engendrées par ces crimes.
Un dossier brûlant : la mémoire et la justice pour les victimes
M. Boughali a affirmé avec force que « le dossier de la Mémoire revêt une grande importance pour tous les Algériens ». Il a insisté sur la nécessité de défendre la mémoire des Chouhada (Martyrs) et d’exiger réparation pour les victimes des explosions nucléaires françaises, qu’il qualifie de crime contre l’humanité. À ce jour, ces souffrances persistent dans un silence assourdissant, sans reconnaissance ni indemnisation.
Le président de l’APN a précisé que ces « explosions nucléaires et non des essais » ont eu des conséquences irréversibles sur l’homme et l’environnement. En chiffres, 57 explosions ont eu lieu :
· 4 explosions aériennes à Reggane,
· 13 explosions souterraines à In Ecker,
· 35 autres à Hammoudia,
· 5 supplémentaires impliquant du plutonium à In Ecker.
Ces expérimentations nucléaires, réalisées avec la complicité d’une autre puissance coloniale, ont laissé derrière elles un désastre humanitaire et écologique incommensurable.
Les revendications de l’Algérie : vérité, justice et réparation
M. Boughali a dénoncé la justification fallacieuse selon laquelle les zones choisies pour ces explosions étaient inhabitées. « Reggane n’a jamais été un désert vide. C’était une région commerçante et prospère », a-t-il souligné.
Face à ces faits, l’Algérie exige :
· La création d’une commission parlementaire regroupant les six tendances politiques de l’APN, assistées par des experts, afin d’élaborer une loi incriminant ces actes coloniaux.
· La mobilisation internationale des parlements pour la défense des droits des victimes et leur indemnisation.
· L’organisation d’un colloque parlementaire international sur la réparation des préjudices causés par ces explosions.
· L’institution du 13 février – date de la première explosion nucléaire dans le Sahara algérien – comme journée internationale d’hommage aux victimes.
· La reconnaissance officielle par la France de sa responsabilité totale dans ces crimes.
· La remise des cartes topographiques des sites d’explosions afin de permettre un nettoyage total des zones contaminées, conformément aux engagements du président Abdelmadjid Tebboune.
Vers une reconnaissance internationale
Au cours de l’émission, l’ancien eurodéputé allemand Frank Schwalba-Hoth et le député algérien Mohamed Hani ont pris l’engagement d’organiser une conférence au Parlement européen. L’objectif ? Mettre en lumière ces essais nucléaires et exiger que la France reconnaisse les irradiations subies par les populations locales et les militaires français présents dans la région.
La participation de M. Boughali à Le Vrai Dialogue restera une date clé dans la lutte pour la vérité et la justice. Un pas historique vers la reconnaissance d’un crime longtemps ignoré, mais désormais porté devant la scène internationale.