Gaza : La RTBF sort enfin du silence — Bouchez nie le génocide, Magnette dénonce la complicité

Il aura fallu des mois de silence pesant pour que la RTBF, comme bon nombre de télévisions publiques européennes, obtienne le feu vert nécessaire pour enfin aborder frontalement la tragédie en cours à Gaza. Ce jeudi, dans l’émission Jeudi en Prime, le journaliste Thomas Gadisseux a consacré huit minutes à ce sujet brûlant, en recevant deux figures de proue de la politique francophone belge : Georges-Louis Bouchez, président du MR, et Paul Magnette, président du PS.
Le face-à-face est tendu, le ton grave, les positions irréconciliables. D’un côté, Georges-Louis Bouchez, que ses détracteurs accusent régulièrement de flirter avec les thèses de l’extrême droite. Provocateur assumé, il attaque pour mieux esquiver. Interrogé sur son soutien inconditionnel à Benjamin Netanyahou, documenté par plusieurs sources dans la presse belge, il préfère détourner le débat. Plutôt que de répondre sur Gaza, il attaque son adversaire en l’accusant de complaisance envers le port du voile et l’abattage rituel musulman. Puis, dans un numéro bien rodé, il brandit la “neutralité belge” comme un étendard, sans jamais qualifier les événements à Gaza de génocide.
De l’autre, Paul Magnette se montre plus posé mais tout aussi déterminé. Selon lui, “ce qui se passe à Gaza est une tragédie humanitaire, un génocide en cours, et une famine organisée.” Il accuse ceux qui refusent de nommer les choses d’être des complices passifs : “Ne pas dénoncer un génocide, c’est en être complice.”
Bouchez, visiblement mal à l’aise, concède une “riposte disproportionnée” mais s’obstine à refuser le mot “génocide”, malgré les accusations étayées de la Cour internationale de justice, qui a déjà évoqué ce terme à propos des actions israéliennes.
Le clivage s’accentue encore sur la question de la reconnaissance de l’État palestinien par la Belgique. Pour Magnette, cette reconnaissance est un geste nécessaire et attendu. Bouchez, lui, élude à nouveau : “L’urgence, c’est le cessez-le-feu, et seuls les États-Unis peuvent le provoquer.”
Un échange révélateur, où l’on sent plus que jamais que la politique belge peine à sortir de sa frilosité diplomatique face à un drame international. Pendant que des enfants meurent à Gaza, certains préfèrent parler de neutralité. D’autres osent nommer l’horreur. À chacun ses priorités.