Un geste fort dans une France en mutation : Les dockers de Marseille refusent de charger du matériel militaire à destination d’Israël

Le 5 juin, les dockers du port de Fos-sur-Mer, près de Marseille, ont marqué un tournant symbolique dans la mobilisation contre la guerre au Proche-Orient. Refusant de charger un conteneur à destination d’Israël contenant des composants militaires — en l’occurrence des maillons métalliques destinés à assembler des bandes de munitions pour fusils-mitrailleurs , les travailleurs portuaires ont agi au nom de la paix et de leur conscience. Pour eux, il est hors de question d’alimenter, même indirectement, l’effort de guerre israélien.
Ce geste puissant de solidarité envers le peuple palestinien, dans un contexte de guerre ayant déjà coûté la vie à plus de 54.600 personnes à Gaza selon les chiffres relayés par l’ONU, révèle un paradoxe français de plus en plus intenable.
D’un côté, la France officielle appelle au cessez-le-feu, organise des sommets de paix comme celui réunissant Emmanuel Macron et le prince saoudien MBS à New York. Elle se positionne en médiatrice, en défenseuse des droits humains. Mais de l’autre, elle laisse transiter — ou exporte — des composants militaires via des entreprises françaises comme Eurolinks, sous couvert de licences d’exportation à double usage ou de réexportation contrôlée. Cette double posture, entre diplomatie humaniste et commerce opaque, laisse un goût amer.
Les dockers de Marseille, eux, ne s’y trompent pas. Issus d’un peuple français désormais multiconfessionnel, multiculturel, solidaire et éveillé, ils incarnent une autre vision de la France. Une France qui refuse l’hypocrisie. Une France qui comprend que les actes parlent plus fort que les discours diplomatiques.
« À partir du moment où les dockers refusent de charger une marchandise, personne ne peut le faire à leur place », affirme Christophe Claret, secrétaire général de la CGT des dockers. Leur geste fait écho aux blocages de ports en Grèce et en Italie : un mouvement transnational de travailleurs refusant de se rendre complices, même passivement, de ce qu’ils nomment un « génocide en cours ».
Ce n’est pas seulement un acte syndical, c’est un acte politique, profondément humain. Une fracture s’ouvre entre le peuple et les institutions, entre les principes affichés et les pratiques dissimulées. Et de cette fracture naît une exigence : que la France, puissance militaire et diplomatique, aligne enfin ses valeurs sur ses actes.
Dans les ports, dans la rue, dans les têtes : la conscience populaire progresse. Et elle ne se taira pas.