Reconnaissance de la Palestine : la Belgique au bord d’une crise politique majeure

L’Europe s’apprête à franchir un cap historique. Le 20 septembre prochain, plusieurs pays de l’Union européenne, dont la France, reconnaîtront officiellement l’État de Palestine. Mais en Belgique, la majorité fédérale se déchire. Au point que certains craignent une crise gouvernementale sans précédent à la rentrée.
Une coalition fracturée
Au sein du gouvernement belge, la division est nette : le Mouvement Réformateur (MR) de Georges-Louis Bouchez et la N-VA de Bart De Wever rejettent catégoriquement cette reconnaissance. À l’inverse, Les Engagés, présidés par Yvan Verougstraete, et le CD&V, dirigé par Sammy Mahdi, défendent une position favorable, arguant que la Belgique ne peut plus se taire face à l’urgence humanitaire et politique au Proche-Orient.
Ce clivage menace directement la cohésion de la majorité fédérale. Et c’est le ministre des Affaires étrangères, Maxime Prévot, figure de proue des Engagés, qui a sonné l’alarme.
Prévot : « Si la Belgique tarde, il ne restera bientôt plus rien à reconnaître »
La semaine dernière, lors d’une audition à la Chambre, Maxime Prévot a multiplié les avertissements. Selon lui, retarder une décision équivaudrait à rendre la reconnaissance « caduque », compte tenu de l’expansion continue des colonies israéliennes.
« Si la Belgique ne progresse pas vers une reconnaissance officielle en septembre, il ne restera bientôt plus rien à reconnaître », a-t-il prévenu.
Pour le ministre, la Belgique doit assumer son rôle de défenseur du droit international. « Ce n’est pas un débat idéologique, mais un devoir moral, légal et historique. La reconnaissance, ce n’est pas punir Israël, ce n’est pas récompenser le Hamas, c’est simplement rétablir un minimum d’équilibre », a-t-il martelé.
La menace d’une crise gouvernementale
Au-delà des principes, Prévot a clairement haussé le ton vis-à-vis de ses partenaires de coalition. « Si la droite dure s’entête à bloquer ce processus, ce sera le motif d’une crise grave du gouvernement », a-t-il averti.
Cette mise en garde n’est pas anodine. À l’approche de l’Assemblée générale des Nations unies, qui s’ouvrira le 20 septembre à New York, la Belgique risque de se retrouver isolée au sein de l’Union européenne si elle ne tranche pas rapidement.
Vers des sanctions ciblées contre Israël ?
Parallèlement à la reconnaissance, Maxime Prévot défend d’autres mesures concrètes :
• l’inscription de plusieurs ministres israéliens d’extrême droite sur une liste noire, leur interdisant l’entrée en Belgique ;
• l’interdiction des importations provenant des colonies israéliennes ;
• un contrôle renforcé du transit d’armes à destination d’Israël ou de la Palestine.
Des propositions explosives, qui risquent d’attiser encore davantage les tensions au sein de la coalition.
Un automne sous haute tension
L’échéance est désormais claire : si la Belgique ne prend pas position d’ici le 20 septembre, elle apparaîtra divisée, impuissante et absente d’un moment historique.
Pour Maxime Prévot, l’enjeu dépasse la politique intérieure : il s’agit de l’image même de la Belgique sur la scène internationale. « La Belgique a toujours défendu le droit international. Ne pas reconnaître la Palestine aujourd’hui, ce serait trahir cet héritage », a-t-il conclu.
L’automne s’annonce donc explosif. Entre pressions internationales, tensions internes et risque d’implosion gouvernementale, la question palestinienne pourrait bien devenir le catalyseur d’une crise politique majeure en Belgique.