La France au bord de l’implosion : quand Paris risque de se résumer à l’Île-de-France

La France aime donner des leçons au monde. Ses médias scrutent l’Algérie, le Sahel ou d’autres nations africaines, en dénonçant chaos et instabilité. Mais derrière cette posture arrogante, l’Hexagone cache ses propres fractures, plus profondes qu’il n’y paraît.

Car que resterait-il de la République si ses nations intérieures et ses territoires d’outre-mer reprenaient leur liberté ? Bretagne, Corse, Pays basque, Alsace, Pays catalan, Occitanie, Savoie, Provence, Normandie, Flandre française : autant de régions riches d’identités, de langues et d’histoires qu’on a voulu fondre dans un moule jacobin. Les tensions existent toujours, parfois feutrées, parfois explosives. La Corse réclame l’autonomie, l’Alsace conteste son effacement dans le “Grand Est”, la Bretagne connaît un réveil linguistique et culturel, la Flandre regarde vers Bruxelles, le Pays basque rêve d’unité.

Sans ces régions, la France serait une puissance amputée, réduite à son centre parisien. Elle perdrait ses ports stratégiques, ses frontières industrielles, son ouverture méditerranéenne, ses terres agricoles vitales. Autrement dit : une France réduite à Paris et sa banlieue, fragilisée et isolée.

À cela s’ajoute une autre faille : la question coloniale non réglée. Les DOM-TOM vivent un malaise profond. En Kanaky (Nouvelle-Calédonie), les affrontements récents montrent que la revendication d’indépendance reste brûlante. En Polynésie, les séquelles des essais nucléaires continuent de nourrir un ressentiment puissant. En Guyane, Martinique, Guadeloupe, les crises sociales récurrentes révèlent un rejet croissant du pouvoir central. Même La Réunion, pourtant vitale pour la présence française dans l’océan Indien, n’échappe pas à la montée du sentiment d’abandon.

Or, ce sont précisément ces territoires ultramarins qui font de la France une puissance maritime et géopolitique mondiale. Sans eux, elle ne serait plus qu’un État européen parmi d’autres, privé d’océans, de richesses stratégiques et de projection internationale.

Cette fragilité explique aussi pourquoi Paris détourne l’attention vers l’extérieur. Accuser l’Algérie, le Mali ou d’autres pays africains de désordre sert à masquer le malaise intérieur. Mais l’Afrique s’émancipe. Les pays du continent rejettent progressivement la Françafrique, privant Paris d’une source essentielle de ressources et d’influence.

La question devient alors inévitable : combien de temps la République française pourra-t-elle tenir cet équilibre fragile ? L’illusion d’une puissance mondiale s’effrite. Si l’Afrique ferme définitivement la porte, si les DOM-TOM s’émancipent, si les régions reprennent leur autonomie, la France pourrait se retrouver réduite à son noyau central : l’Île-de-France, Paris et sa banlieue.

Une implosion que Paris préfère ignorer, mais que ses voisins et ses propres citoyens voient de plus en plus distinctement.

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