Léa Salamé à France 2 : Quand le JT devient le théâtre des réseaux d’influence

La nomination de Léa Salamé à la présentation du JT de 20h00 sur France 2 ne passe pas inaperçue. Derrière l’image d’une journaliste reconnue se cache une trajectoire où talent, relations politiques et réseaux d’influence se mêlent étroitement, au point de susciter scepticisme et critiques.
Franco-libanaise, Léa Salamé est la compagne de Raphaël Glucksmann, eurodéputé surmédiatisé dont l’ascension politique fulgurante interroge. Propulsé tête de liste aux élections européennes de 2024, il est pressenti par certains pour un rôle de Premier ministre si le gouvernement actuel venait à tomber. Au Parlement européen, Glucksmann concentre son attention sur de faux dossiers très médiatiques – comme celui des Ouïghours – tout en laissant de côté des crises humanitaires pressantes, notamment en Palestine. Très actif sur l’Algérie et la Tunisie, il reste étonnamment silencieux sur d’autres pays où la détresse sociale et politique est criante.
Léa Salamé a, quant à elle, construit sa notoriété comme chroniqueuse dans On n’est pas couché, émission où elle a rencontré Glucksmann, alors écrivain discret devenu homme politique omniprésent. Issue d’une famille intellectuelle et cultivée, elle est la fille de Ghassan Salamé, ancien ministre libanais de la Culture et écrivain, dont le mandat comme envoyé spécial de l’ONU en Libye a été vivement critiqué pour son inefficacité. Sa mère, arménienne, a trouvé refuge au Liban, comme beaucoup d’Arméniens de sa génération.
Mais derrière ce parcours, les réseaux familiaux jouent un rôle non négligeable. Léa Salamé n’a aucun lien avec Riadh Salamé, l’ancien gouverneur de la Banque Centrale du Liban accusé de corruption, mais elle est la sœur de Louma Salamé, à la tête de la villa Amphain, propriété des frères Boghassian, joailliers arméniens influents à Bruxelles. Cette villa, haut lieu des cercles économiques belges, reçoit régulièrement Ghassan Salamé pour des conférences, illustrant les liens puissants entre intellect, politique et influence économique.
Dans ce contexte, la réussite médiatique de Léa Salamé ne peut être analysée uniquement sous l’angle du talent journalistique. Elle cristallise les débats sur la neutralité, l’influence des réseaux et la porosité entre médias et sphère politique. Le JT de France 2, loin d’être un simple rendez-vous d’information, devient ainsi le théâtre d’une ascension où compétences, relations et stratégies se conjuguent pour imposer une présence incontournable sur la scène médiatique française.
Les Français se sont déjà massivement exprimés sur les réseaux sociaux dès l’annonce, l’été dernier, de la nomination de Léa Salamé. Selon plusieurs médias français, le JT de 20h de France 2 aurait été boycotté depuis six jours par plus de 80 % des téléspectateurs, qui revendiquent le départ de la journaliste. Ils rappellent que France Télévisions est un média public, financé par les contribuables, et estiment que la neutralité et l’indépendance de l’information doivent rester prioritaires.