L’EMPIRE DU MILIEU
Sous l’influence de multiples facteurs, les relations internationales sont en évolution permanente, modifiant les équilibres géopolitiques à différentes échelles. Ces plaques bougent de manière telle que, parfois ces mutations prennent la forme d’ébullitions qui transforment brutalement le rapport des forces entre les puissances. Tout se passe comme si, soudain, sur le podium mondial des grandes puissances, l’histoire avance en accéléré, détrône certaines nations, en élève d’autres.
La rivalité d’après-guerre entre Américains et Soviétiques, centrée sur la course aux armements, voit désormais l’entrée inattendue de la Chine comme acteur majeur.
Classée parmi les pays du ‘Tiers-monde’ il y a eu trentaine d’années, la Chine a tissé sa toile économique, avec patience et discrétion. Elle surgit dans la course, en affichant des appuis si solides, qu’on se demande bien, ce qui pourrait l’arrêter : une forte démographie (1,416 milliard d’habitants, représentant environ 17,2% de la population mondiale), une industrialisation massive, première exportateur mondial avec 3 600 Milliards USD un marché intérieur très important, un PIB en pouvoir d’achat supérieur à celui des USA 33 500 milliards USD).
USA, LE DROIT DE LA FORCE
Pour régner parmi les nations, les USA ont toujours privilégié l’omniprésence militaire (plus de 800 bases réparties sur 177 pays), la maitrise du marché du pétrole et l’avalanche de leur culture dans le monde. Ingérence, immixtion, intervention militaire, déploiement de puissance, domination culturelle sont les ressorts de la politique américaine. C’était déjà la recette de la « big stick policy » politique très menaçante du temps de Théodore Roosevelt (1901-1909). Une ‘politique du gourdin’ qui a, à la fois renforcé la puissance américaine, mais qui l’a affaiblie sur le temps long. Les interventions américaines à l’international sont parfois perçues comme sources de désordre autant que de justice. L’aigle ne peut parcourir le monde, sans y laisser des plumes…
CHINE, DE LA COPIE A L’EXCELLENCE
Lorsqu’en 2013, XI Jinping lance Les Nouvelles Routes de la Soie (One Belt, One Road) personne n’a compris que la Chine était dorénavant prête à officialiser l’expression d’une stratégie globale dans sa projection de puissance économique et de leader mondial. La Chine se perçoit à nouveau au comme l’Empire du milieu ! Et tant pis pour ceux qui la croient encore à ‘l’âge de la copie’, les faits sont là, elle est depuis peu la première puissance scientifique.
Contrairement aux Américains, les Chinois aiment avancer en rasant les murs, comme dans un jeu de Go, ils préfèrent encercler plutôt que neutraliser ; dealer plutôt que menacer.
La Nouvelle Route de la Soie recèle les ambitions démesurées du Dragon oriental. Cette toile géante place la Chine au milieu du commerce mondial et concentre à lui seul 41% du commerce mondial. Sans le dire, elle vise à placer sous sa dépendance 131 pays. Pour convaincre, les Chinois proposent sous forme de prêts, clé en main, des projets utiles au tracé de cet axe économique sans aucun précédent historique. Investissements, acquisitions de l’ordre de 40 milliards de dollars entre 2014 et 2018 et 1000 milliards de dollars dans les dix ans à venir. Face à tant de gigantisme, l’Union Européenne a du mal se positionner. Ayant perdu son avance technologique sur la Chine, il ne lui reste que très peu de cartes en main pour faire valoir une forme de réciprocité. Toutes ailes déployées, le Dragon traverse les continents avec l’assurance de tout ramener à lui.
