Conférence de haut niveau à Alger : l’Afrique unie pour faire reconnaître les crimes du colonialisme
Du 30 novembre au 1er décembre 2025, la capitale algérienne a accueilli la Conférence internationale sur les crimes du colonialisme, un rendez-vous majeur organisé sous l’égide de Union africaine.
Au Centre international de conférences au Club des Pins , responsables politiques, chercheurs et juristes venus de tout le continent ont posé les bases d’une démarche commune : faire reconnaître, criminaliser et réparer les crimes coloniaux.
Reconnaître l’injustice : une exigence politique
Lors de l’ouverture, le chef de la diplomatie algérienne, Ahmed Attaf, a rappelé « le droit absolu de l’Afrique à obtenir une reconnaissance officielle des injustices commises contre ses peuples ».
Pour les délégations présentes, cette reconnaissance constitue la première étape d’un processus de justice historique longtemps attendu.
Criminaliser le colonialisme : un vide juridique à combler
Les intervenants ont plaidé pour que le colonialisme soit reconnu comme crime contre l’humanité, au même titre que l’esclavage ou l’apartheid.
Un point clé du débat : malgré ses conséquences humaines, économiques et culturelles, le colonialisme n’est toujours pas juridiquement défini comme tel dans les textes internationaux.
Pour les participants, cette clarification est indispensable pour avancer vers des réparations crédibles.
Réparations et restitutions au cœur des discussions
Les travaux ont également porté sur la question des réparations. Plusieurs pistes ont été évoquées :
• Restitution du patrimoine culturel saisi durant la période coloniale.
• Indemnisations liées aux spoliations foncières et économiques.
• Reconnaissance des traumatismes historiques et des dommages intergénérationnels.
• Création d’un mécanisme continental d’évaluation et de suivi des préjudices subis.
Une Déclaration d’Alger est en cours d’élaboration. Elle devrait proposer un cadre commun pour la reconnaissance et la réparation des crimes coloniaux, avant son examen par l’UA en 2026.
Alger, un symbole fort pour l’Afrique
Le choix de la capitale algérienne résonne fortement.
Marquée par une colonisation de peuplement parmi les plus violentes du continent, l’Algérie est devenue, dès son indépendance, l’un des symboles de la lutte anticoloniale africaine.
Organiser cette conférence à Alger revient à inscrire le débat dans un lieu où la mémoire et l’histoire demeurent centrales.
Réparer, mais aussi construire l’avenir
Au-delà des débats juridiques, la rencontre a mis en avant un objectif plus large : réconcilier le continent avec son histoire pour mieux construire son futur.
Mais les obstacles sont nombreux : harmoniser les positions africaines, définir des critères de réparation, et engager un dialogue avec les anciennes puissances coloniales.
Une première étape décisive
La Conférence d’Alger n’a pas clos la question des crimes coloniaux.
Elle a toutefois permis à l’Afrique d’afficher une position commune : exiger vérité, justice et réparation pour des siècles d’injustices.
Un point de départ, mais aussi le signe d’une volonté politique nouvelle.
