À l’ONU, un 80e anniversaire sous tension : la Palestine au cœur des débats

L’Assemblée générale des Nations unies a ouvert mardi sa 80ᵉ session, un rendez-vous hautement symbolique pour l’organisation fondée au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Sa nouvelle présidente, l’Allemande Annalena Baerbock, a donné le ton : « 80 ans… normalement un anniversaire se fête, mais pouvons-nous vraiment célébrer alors que tant d’injustices perdurent ? »

Un monde en crise

La liste dressée par Baerbock a résonné comme une litanie de douleurs : les enfants qui meurent de faim à Gaza, les filles afghanes privées d’école, les femmes du Darfour forcées de cacher leurs filles pour les protéger des viols, les peuples insulaires du Pacifique menacés par la montée des eaux, et les centaines de millions de personnes encore prisonnières de l’extrême pauvreté.

À l’heure où l’ONU s’apprête à souffler ses 80 bougies, l’écart entre les idéaux de la Charte et la réalité du monde n’a sans doute jamais paru aussi flagrant.

La Palestine comme test moral

Au cœur des discussions prévues pour cette session anniversaire, une question s’impose avec une intensité nouvelle : celle de la reconnaissance pleine et entière de l’État de Palestine.
Alors que les bombardements et le blocus continuent de ravager Gaza, plusieurs États membres plaident pour que l’Assemblée générale envoie un signal fort. Pour eux, la reconnaissance n’est pas seulement une question diplomatique mais une exigence morale : comment prétendre défendre la paix, le développement et les droits humains, tout en laissant un peuple privé de son État et de sa souveraineté ?

La question palestinienne, longtemps reléguée au second plan dans les forums internationaux, revient au centre de la scène. Et dans les couloirs de l’ONU, certains diplomates résument le dilemme : « Si nous ne pouvons pas garantir la justice en Palestine, alors à quoi servent 80 ans de Nations unies ? »

Entre espoir et scepticisme

Du 22 au 30 septembre, les chefs d’État et de gouvernement se succéderont à la tribune lors de la semaine de haut niveau. Outre la commémoration des 80 ans de l’ONU, le programme inclut un sommet sur le climat, une conférence sur les droits des femmes et un dialogue inédit sur la gouvernance de l’intelligence artificielle. Mais beaucoup s’attendent à ce que la question palestinienne domine les débats, tant elle cristallise l’écart entre les discours et les actes.

Pour ses défenseurs, reconnaître la Palestine serait la meilleure façon d’honorer la mémoire de l’organisation née des cendres de la guerre : donner une chance réelle à un peuple de vivre en paix, dans la dignité et l’égalité. Pour ses opposants, il s’agit d’un geste prématuré qui ne ferait que compliquer la recherche d’une solution négociée.

80 ans après, quel avenir pour l’ONU ?

L’Assemblée générale de 2025 se voulait un moment de célébration. Elle pourrait bien devenir un moment de vérité. Car derrière les discours solennels, une question simple s’impose : les Nations unies, à 80 ans, sont-elles encore capables de changer le monde, ou se contentent-elles de le commenter ?

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