Accord UE–États-Unis : une onde de choc politique à Bruxelles – Ursula von der Leyen sous le feu des critiques

Alors que l’accord commercial entre l’Union européenne et les États-Unis vient d’être dévoilé, la quasi-totalité des groupes politiques du Parlement européen monte au créneau. Plusieurs eurodéputés appellent désormais ouvertement Ursula von der Leyen à démissionner de la présidence de la Commission
Le « deal » commercial scellé entre l’Union européenne et les États-Unis, censé désamorcer la récente escalade tarifaire déclenchée par Washington, sème une véritable tempête politique à Bruxelles. Loin de faire consensus, cet accord suscite une levée de boucliers quasi unanime au sein du Parlement européen. De l’extrême gauche aux libéraux centristes, en passant par les Verts, les conservateurs et même certains élus PPE – le propre groupe politique d’Ursula von der Leyen –, les critiques fusent de toutes parts. Et le ton monte : plusieurs voix réclament désormais sa démission.
« Cet accord n’est pas une victoire diplomatique, c’est une capitulation stratégique. Et elle en est directement responsable », tonne Manon Aubry (La France insoumise, GUE/NGL), qui a été l’une des premières à demander le départ de la présidente de la Commission.
« Elle a agi en solitaire, sans mandat clair, en violant l’esprit du processus démocratique européen. »
Un accord jugé asymétrique et dangereux
Les griefs sont nombreux, mais tous convergent vers une même accusation : un déséquilibre criant en faveur des intérêts américains. L’accord, dans sa version actuelle, prévoit la levée temporaire de certaines barrières douanières, mais permet aux États-Unis de conserver des marges de manœuvre tarifaires bien plus larges que celles accordées à l’Union.
« Nous envoyons au monde entier un message catastrophique : l’Europe peut être intimidée, contournée, soumise », s’indigne Ska Keller (Verts/ALE).
« Cet accord est un précédent dangereux qui affaiblit notre crédibilité dans toutes les futures négociations. »
Même au sein du PPE, le groupe majoritaire et soutien traditionnel de von der Leyen, la gêne est palpable. Plusieurs élus allemands et néerlandais ont critiqué un processus « opaque », mené sans consultation préalable du Parlement.
Renew Europe, habituellement modéré, tire la sonnette d’alarme
Le groupe centriste Renew Europe, traditionnellement enclin au compromis, a lui aussi exprimé une inquiétude profonde. Valérie Hayer, sa présidente, a déclaré dans un communiqué :
« Nous refusons que la stabilité économique à court terme se paie d’un affaiblissement stratégique durable. L’Europe doit se ressaisir. »
Quant à Marie-Pierre Vedrenne, eurodéputée française, elle a rappelé que « nos entreprises et notre souveraineté ne sont pas négociables ».
La question qui brûle toutes les lèvres : Ursula doit-elle partir ?
Ce qui n’était qu’un murmure dans les couloirs du Parlement est désormais clamé à voix haute. Plusieurs groupes, notamment La Gauche, les Verts, une partie des Socialistes & Démocrates, mais aussi des élus souverainistes et nationalistes, réclament la démission d’Ursula von der Leyen.
« Elle a franchi la ligne rouge : signer un accord de cette ampleur sans ratification parlementaire préalable est une faute grave. Elle doit en tirer les conséquences », estime l’Italien Marco Zanni (ID).
Dans une déclaration commune, plusieurs eurodéputés de différentes formations appellent à un vote de défiance contre la Commission, qui pourrait être organisé dès la rentrée parlementaire de septembre.
Une fracture profonde entre les institutions et les citoyens ?
Au-delà des joutes politiques, cet accord révèle une crise de confiance entre les institutions européennes et leurs citoyens. Dans un contexte de montée des souverainismes et de défiance vis-à-vis de Bruxelles, cette décision « technocratique » pourrait raviver les tensions populistes, et nourrir l’idée que l’Union européenne n’est ni démocratique ni protectrice.
« À quoi sert de voter pour un Parlement européen si les décisions majeures sont prises dans l’ombre par une poignée de commissaires ? » interroge Younous Omarjee (La Gauche).
« Il est temps de rendre le pouvoir aux citoyens. »
Et maintenant ?
Alors que les débats s’intensifient, plusieurs eurodéputés exigent que le texte de l’accord soit immédiatement rendu public et soumis à ratification parlementaire, faute de quoi ils menacent d’en bloquer l’application légale. De son côté, Ursula von der Leyen reste silencieuse, se retranchant derrière la légitimité du Conseil européen et le besoin de réactivité face à la crise.
Mais à Bruxelles, la rumeur enfle : la présidente de la Commission jouerait actuellement sa survie politique. En cette fin de législature, elle pourrait devenir le symbole d’une Europe technocratique en décalage avec ses peuples. Et si sa démission devenait l’électrochoc attendu par les partisans d’une refondation démocratique de l’Union?