Algérie–Belgique : Maxime Prévot en visite à Alger, un tournant diplomatique et économique
C’est une première depuis plus de sept ans. Le vice-Premier ministre et ministre des Affaires étrangères, des Affaires européennes et de la Coopération au développement, Maxime Prévot, entame ce lundi une visite officielle en Algérie, à l’invitation de son homologue algérien Ahmed Attaf, Ministre d’Etat, Ministre des Affaires étrangères, de la Communauté Nationale à l’étranger et des Affaires africaines.
La dernière visite d’un chef de la diplomatie belge à Alger remonte à janvier 2018, lorsque Didier Reynders, alors ministre des Affaires étrangères, avait été reçu sous la présidence d’Abdelaziz Bouteflika.
Cette visite, hautement symbolique, s’inscrit dans un contexte régional complexe, et revêt une double dimension politique et économique.
Diplomatie active et dossier palestinien
Sur le plan diplomatique, les deux ministres devraient passer en revue une série de dossiers de politique étrangère, avec une attention particulière portée au Proche-Orient. Maxime Prévot devrait réaffirmer la position de la Belgique sur la question palestinienne : une reconnaissance de l’État de Palestine reste envisagée, comme pour plusieurs États membres de l’Union européenne, mais sous certaines conditions précises, notamment en lien avec les perspectives d’une paix négociée et durable dans le cadre de la solution de deux états.
Relance des relations économiques : gaz, hydrogène et investissements
Côté économique, la Belgique affiche sa volonté de renforcer ses liens dans le domaine énergétique, en particulier sur le gaz naturel, dont l’Algérie reste un fournisseur stratégique pour l’Europe. Mais les ambitions belges vont plus loin : des entreprises du royaume manifestent un intérêt croissant pour l’investissement dans l’hydrogène vert, un secteur prioritaire pour l’Algérie dans sa transition énergétique.
Cette dynamique pourrait déboucher sur de nouveaux partenariats technologiques et industriels, notamment autour de la décarbonation et des énergies renouvelables.
Une relation historique et profonde
Au-delà des enjeux immédiats, la visite de Maxime Prévot réactive une relation ancienne et singulière entre les deux pays. La Belgique abrite aujourd’hui une communauté algérienne forte de près de 50 000 personnes, installée de longue date. Dès les années 1960, la Belgique avait recruté des travailleurs algériens, parfois même avant l’indépendance, alors que l’Algérie était encore sous domination coloniale française.
Mais c’est surtout durant la guerre de libération algérienne que l’amitié belgo-algérienne s’est incarnée avec force. Des militants politiques, avocats et intellectuels belges comme Serge Moureaux et Guy Cudell, se sont engagés aux côtés du FLN, intégrant le réseau Janson, au péril de leur liberté — voire de leur vie. Ils ont défendu des militants algériens poursuivis, dénoncé les exactions coloniales et contribué à internationaliser la cause algérienne.
Un nouveau chapitre
Cette visite pourrait marquer un nouveau chapitre dans la coopération bilatérale, portée à la fois par les enjeux énergétiques globaux, les impératifs de sécurité régionale et une mémoire partagée encore vive.
