Débat au Parlement européen : Une offensive orchestrée contre l’Algérie

Hier, mercredi, aux environs de 20h, le Parlement européen, dans son annexe de Strasbourg, a été le théâtre d’un débat houleux sur l’affaire Boualem Sansal. Une initiative portée par l’extrême droite française, qui a entraîné à sa suite le groupe des Verts, parmi lesquels figurent deux eurodéputés franco-marocains, Mounir Satouri et Majdouline Sbai.

La séance a débuté par une intervention de la Commissaire européenne sortante, Helena Dalli. Elle a rappelé l’importance des droits civiques universels, auxquels l’Algérie est liée par des accords internationaux et inscrits dans sa Constitution. « Ces valeurs universelles sont au cœur des relations entre l’Union européenne et l’Algérie, comme en témoignent l’accord d’association et nos priorités de partenariat », a-t-elle déclaré dans un discours marqué par un ton diplomatique classique. À la suite de cette introduction, des représentants des différents groupes politiques ont pris la parole, donnant lieu à une avalanche de critiques acerbes, principalement portées par des eurodéputés français issus de l’extrême droite et de la droite dure.

Une pluie de propos haineux

Philippe-Xavier Bellamy, eurodéputé et proche des cercles conservateurs français, a violemment attaqué l’Algérie, qualifiant son régime de « failli » et suggérant de revoir les accords franco-algériens de 1968. Pour situer l’homme politique rappelant ici la publication de l’Eurodéputée Rima Hassan sur X (ex-Twitter) des messages incendiaires tels que : « François-Xavier Bellamy et ses copains, proches du régime génocidaire israélien, dorment bien la nuit. Ça ne va pas durer. » Elle a également dénoncé sa « lâcheté » et son « regard vide et fuyant » dans les couloirs du Parlement européen.

Proche du CRIF et soutien affiché d’Israël, Bellamy a tenté de défendre son positionnement en rejetant fermement toute accusation contre l’État israélien, affirmant que « qualifier Israël d’État génocidaire est une honte absolue ».

Des alliés inattendus et une rhétorique colonialiste

Dans ce déferlement verbal, l’intervention inattendue de Raphaël Glucksmann a surpris. Bien que son groupe n’ait pas officiellement demandé ce débat, il s’est joint à la vague de critiques contre les autorités algériennes, employant un ton tout aussi accusateur.

Mais c’est l’arrivée de Marion Maréchal qui a donné au débat une tournure encore plus brutale. Avec une voix rappelant celle de sa tante Marine Le Pen, actuellement mise en cause pour le détournement de plus de 4 millions d’euros de fonds européens, et un ton évoquant son grand-père, Jean-Marie Le Pen, tristement célèbre pour son rôle de tortionnaire durant la guerre d’indépendance algérienne, Maréchal s’est lancée dans une proposition scandaleuse. Elle a évoqué un « échange de prisonniers » : Boualem Sansal contre 3 000 détenus algériens actuellement en prison en France. Une suggestion qualifiée de néocolonialiste, suprémaciste et raciste par de nombreux observateurs.

Un débat empreint de nostalgie coloniale

Les termes employés par les eurodéputés français lors de cette plénière trahissent une rhétorique néocolonialiste et une volonté d’humilier l’Algérie. À bien des égards, on aurait pu croire assister à un débat à l’Assemblée nationale française, tant la tonalité subjective et empreinte de condescendance rappelait les heures sombres du passé colonial.

L’UE ou la scène d’un règlement de comptes franco-algérien

Ce débat, présenté sous couvert de préoccupations pour les droits de l’Homme, a pris des airs de procès à charge contre l’Algérie, orchestré par une extrême droite française cherchant à régler ses comptes historiques. Au-delà des discours, les positions adoptées hier témoignent d’une tentative d’instrumentalisation du Parlement européen pour servir des agendas politiques nationaux, au mépris des principes de neutralité et de dialogue qui devraient guider cette institution.

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