L’armée algérienne : pilier républicain, force tranquille, acteur régional

Dans l’histoire de l’Algérie contemporaine, rares sont les institutions qui concentrent autant de symboles, de responsabilités et d’attentes que l’Armée nationale populaire (ANP). Héritière directe de l’Armée de libération nationale (ALN), elle n’est pas une armée comme les autres. Elle est, à la fois, une mémoire vivante, un organe de défense stratégique, un facteur d’équilibre républicain et un rempart contre les dérives internes et les ingérences externes.

À l’heure où la région connaît des recompositions profondes et où les équilibres se déplacent, l’armée algérienne apparaît plus que jamais comme l’une des garanties fondamentales de stabilité, de souveraineté et de continuité.

Une armée issue du peuple, au service du peuple

L’ANP n’est pas une entité étrangère à la société. Elle en est le prolongement. Chaque famille algérienne a vu l’un des siens porter l’uniforme. Cette proximité donne à l’armée une légitimité unique dans le paysage institutionnel national.

Dans les heures sombres de l’histoire – qu’il s’agisse de la guerre contre le terrorisme dans les années 1990, des transitions politiques délicates ou des menaces régionales – l’armée a toujours été présente. Elle n’a jamais vacillé, ni dans sa mission de protection du territoire, ni dans son devoir de préserver l’unité nationale.

Elle n’est pas un pouvoir au-dessus du peuple. Elle en est l’émanation directe, et reste fidèle à ses aspirations profondes.

La République pour boussole, la laïcité pour repère

Contrairement à de nombreuses armées de la région, l’ANP revendique un ancrage clair dans les valeurs républicaines et laïques. Cette orientation n’est pas accidentelle : elle s’inspire des fondements kémalistes (comme en Turquie) et du modèle républicain français, tout en étant adaptée au contexte algérien.

La séparation du religieux et du politique constitue un principe fondateur, consolidé au fil des décennies, en particulier après les drames causés par l’extrémisme violent.

Dans une région secouée par les populismes religieux et les dérives identitaires, l’armée algérienne s’impose comme un pôle de stabilité rationnelle, imperméable aux passions.

Un leadership nouveau, sobre, et stratège

Depuis 2020, l’ANP est dirigée par le général d’armée Saïd Chengriha, qui occupe à la fois les fonctions de chef d’état-major des armées et de vice-ministre de la Défense nationale. Ce double rôle ne fait pas de lui un homme de pouvoir, mais plutôt un pont solide entre les institutions civiles indépendantes et la haute hiérarchie militaire.

Contrairement à certains de ses prédécesseurs, Chengriha se distingue par son profil : polyglotte, hautement diplômé, fin connaisseur des équilibres géopolitiques, il incarne une nouvelle génération d’officiers algériens, plus discrets, mais plus exigeants.

Sa force tranquille inspire le respect, y compris au-delà des frontières. Peu exposé médiatiquement, il est pourtant au centre de toutes les articulations stratégiques majeures de l’État.

Une coopération mesurée mais stratégique avec l’OTAN

Loin de toute posture d’isolement ou de méfiance systématique, l’Algérie assume aujourd’hui un dialogue exigeant avec ses partenaires internationaux. À ce titre, l’armée algérienne participe activement au Dialogue méditerranéen avec l’OTAN, un cadre multilatéral d’échange sur les questions de sécurité collective, de lutte contre le terrorisme, de coordination navale et de réponse aux menaces hybrides.

Cette coopération se fait selon une doctrine claire : indépendance stratégique totale, refus de l’alignement, mais disponibilité au dialogue et à la collaboration technique. L’ANP n’est ni soumise, ni fermée. Elle échange, partage, influence.

Une puissance silencieuse dans une région en crise

Sur le plan régional, l’ANP est un acteur de stabilisation majeur. Aux frontières sahéliennes, en Libye, en Méditerranée ou encore dans le voisinage tunisien, elle veille.

Sans jamais s’ingérer dans les affaires internes des États, l’armée algérienne maintient un dispositif sécuritaire dissuasif, renforcé par une doctrine antiterroriste robuste, des capacités techniques modernisées, et une maîtrise du terrain inégalée.

Ce rôle régional est reconnu, y compris par les grandes puissances, qui savent que rien de sérieux ne peut se faire en Afrique du Nord sans l’Algérie.

Une Algérie avec, et non sans, son armée

L’idée d’une Algérie sans son armée est aujourd’hui inimaginable. Non pas parce qu’elle imposerait sa présence par la force, mais parce qu’elle incarne un équilibre, une continuité, une mémoire et une force dissuasive.

Loin de chercher à gouverner, l’ANP veille. Loin de s’afficher, elle agit avec sobriété. Elle ne s’érige pas en contre-pouvoir, mais en colonne vertébrale discrète de l’État.

Dans un monde troublé, dans une région à la dérive, l’Algérie a un atout rare : une armée forte, laïque, moderne, enracinée dans son peuple, et respectée par ses pairs.

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