Migrants disparus : l’Europe peut-elle encore fermer les yeux ?

Chaque année, des milliers de migrants disparaissent en Méditerranée. Certains sont engloutis par la mer, d’autres restent sans nom dans des morgues anonymes, quand leurs familles, elles, demeurent condamnées à l’attente et au silence. Pourtant, le vide juridique et politique autour de ces drames perdure.
Le 28 août, à la veille de la Journée internationale des victimes de disparitions forcées, un webinaire organisé par EuroMed Rights, l’Equipo Argentino de Antropología Forense (EAAF) et la Clinique des droits humains de l’Université de Chicago viendra rappeler une vérité dérangeante : les États européens n’assument toujours pas leur responsabilité face aux migrants disparus ou décédés aux frontières de l’UE.
Le rapport présenté – « Cadre juridique concernant les migrants disparus et décédés voyageant d’Afrique vers le sud-ouest de l’Europe » – met en lumière des zones grises où règnent l’impunité et l’indifférence institutionnelle. Si les conventions internationales existent, leur application reste fragmentaire, dépendante des États, et souvent entravée par une volonté politique de dissuader plutôt que de protéger.
Des voix s’élèveront lors du débat : celle d’Anjli Parrin, qui analysera les lacunes des normes juridiques internationales ; celle de l’avocat marocain Saïd Azelif, décrivant les obstacles rencontrés sur le terrain ; ou encore celle de Batoul Karbijha de l’association AFOMAS, qui portera la souffrance des familles réduites à chercher seules la trace de leurs proches disparus.
Mais derrière l’expertise, c’est une question politique brûlante qui se pose : combien de temps encore l’Europe pourra-t-elle tolérer un système qui produit des morts sans sépulture, des disparitions sans enquêtes, des familles sans justice ?
Les migrants disparus ne sont pas une fatalité. Ils sont le miroir de choix politiques assumés, où la fermeture des frontières prime sur la dignité humaine. Le 28 août, les organisations demanderont des comptes. Reste à savoir si Bruxelles et les capitales européennes écouteront.