Nucléaire : la France reconnaît sa dette en Polynésie, mais persiste à ignorer les Touaregs d’Algérie

Une récente enquête de Disclose révèle comment une entité du CEA, le Commissariat à l’énergie atomique – maître d’œuvre du nucléaire français – a tenté de discréditer une publication concernant l’exposition des habitants de Polynésie aux retombées radioactives des campagnes d’essais nucléaires menées de 1966 à 1996. Ce rappel met en lumière une réalité désormais officiellement reconnue : l’État français a admis sa responsabilité dans la contamination des victimes et leur droit à indemnisation lorsqu’elles sont atteintes de l’un des 23 cancers reconnus comme liés aux radiations.
C’est dans ce contexte que l’on se souvient – ou redécouvre – qu’Emmanuel Macron s’est rendu en Polynésie le 26 juillet 2021. Pour la première fois, un président de la République a reconnu la dette de la France envers ce territoire sacrifié. Il en a profité pour annoncer une série de mesures fortes : financement de la recherche sur le cancer, création d’un centre de mémoire, facilitation des procédures d’indemnisation, et déclassification de documents relatifs aux essais nucléaires.
En contraste frappant, l’attitude de la France face aux conséquences de ses campagnes d’essais nucléaires conduits dans le sud algérien entre 1960 et 1966, notamment les tirs ratés comme celui de Béryl, reste marquée par l’oubli. La population touarègue algérienne, pourtant victime directe des irradiations, demeure exclue de tout processus de reconnaissance ou de réparation. Cette politique du “deux poids, deux mesures” rend d’autant plus lourd le silence du chef de l’État sur ce sujet.
Alors que les relations franco-algériennes se tendent dans une logique de surenchère mémorielle, une sortie de crise pourrait naître d’un geste fort : une initiative du président de la République pour ouvrir enfin des négociations sur les réparations dues à la communauté touarègue algérienne.