Rien ne va plus au royaume d’En Marche — ou plutôt, d’En Ralenti.

La France sous Macron ne veut décidément pas renaître… Ironie du sort : son parti s’appelle pourtant Renaissance.

À peine le temps de faire briller les plaques des bureaux ministériels que les visages familiers reprennent leur place, tels des meubles fatigués qu’on ressort du grenier faute de mieux. Bruno Retailleau, reconduit à l’Intérieur, traîne déjà les pieds : la rumeur d’une démission flotte dans les couloirs, mais encore faudrait-il qu’on l’écoute cette fois.

Jean-Luc Mélenchon, en commentateur attitré du désastre, ricane depuis son perchoir : « Tout ça pour ça ! », lance-t-il, mi-goguenard, mi-fataliste, en comptant sur ses doigts le nombre de ministres recyclés.

Le Rassemblement national, jamais à court de contradictions, dénonce la mollesse du gouvernement tout en accusant les socialistes de vouloir prendre les commandes — comme si la France était un vieux paquebot dont personne ne voulait vraiment du gouvernail.

Rachida Dati, fidèle à elle-même, reste cramponnée à la Culture comme à un strapontin de dernière classe. L’Éducation, la Justice et les Affaires étrangères poursuivent leur route en roue libre, sans surprise ni élan.

La seule audace — ou témérité, c’est selon — vient de la Défense, désormais confiée à Bruno Le Maire, qu’on croyait plus doué pour manier les bilans comptables que les bilans militaires. Il succède à Sébastien Lecornu, propulsé Premier ministre, sans doute récompensé pour avoir parfaitement maîtrisé… l’immobilisme.

Un nom nouveau (ou presque) apparaît au casting : Mathieu Lefèvre, chargé de ménager la paix entre le Parlement et le gouvernement — une mission de haute voltige, sur un fil déjà effiloché. Mardi, Lecornu fera son grand oral à l’Assemblée, ce théâtre des vanités où il devra « faire passer la pilule ». On parle d’un médicament sans effet notable, sauf une légère irritation démocratique.

Autre surprise du remaniement : Naïma Moutchou, d’origine marocaine, la désormais ex-députée hérite du ministère de la Transformation et de l’Action publique, avec en prime la charge de l’Intelligence artificielle et du Numérique. Une mission aussi vaste qu’un serveur en panne, et sans doute aussi ingrate.

Mais la question demeure : que se passera-t-il si l’Assemblée est à nouveau dissoute ? Macron, déjà usé par un second mandat qui ressemble à un long lundi matin, ira-t-il jusqu’au bout, ou abandonnera-t-il la partie avant le coup final ?

Dans les couloirs de l’Élysée, certains murmurent que la Ve République traverse sa crise d’adolescence tardive ; d’autres, plus cyniques, estiment qu’elle vit simplement sa sénescence politique.

En attendant, la France tangue, hésite, râle, mais continue d’avancer — entre résignation et colère, entre marteau et enclume — sous les applaudissements polis de ceux qui, décidément, confondent gouverner avec gérer la poussière sous le tapis.

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