Quand l’ONU soutiendrait (presque) le Maroc : Plaidoyer absurdement déguisé sur le Sahara Occidental

De gauche à droite: Emmanuel Dupuy, Alain Juillet et Claude Medori

Sur sa chaîne YouTube éponyme, Alain Juillet, ancien directeur du renseignement à la DGSE et franc-maçon assumé, s’est livré, en compagnie de l’analyste Emmanuel Dupuy, à une discussion enflammée sur la question du Sahara occidental, choisissant le Maroc comme acteur clé de la région et chef de file dans la transition vers l’hydrogène vert. L’invité, Emmanuel Dupuy, président de l’Institut Prospective et Sécurité en Europe (IPSE) – un think tank influent en défense et sécurité avec une perspective euro-africaine – a déroulé un discours bien huilé, qu’il a rodé à force de répétition sur différentes plateformes et plateaux TV avant d’atterrir chez Alain Juillet il y a tout juste deux jours.

Dupuy s’est aventuré à affirmer, par un raisonnement absurde, que l’ONU, en vertu de l’article 1, alinéa 2 de sa charte, sous-entendrait que la solution marocaine d’autonomie pour le Sahara occidental est la voie optimale. D’après lui, les récentes résolutions d’octobre 2023 suggéreraient même que cette « autodétermination » se réalise précisément dans le cadre de l’offre marocaine. Un argument présenté avec une telle fluidité qu’il frôle le slogan publicitaire, malgré le caractère discutable et provocateur des affirmations qui suivent.

La conversation entre Juillet et Dupuy, plus proche d’un plaidoyer que d’une analyse, dépeint le Maroc comme la « clé de voûte du continent africain, » nécessaire pour une Europe en quête de partenaires stables. Dupuy va jusqu’à évoquer le prétendu imposant port de Dakhla, qu’il présente comme une future infrastructure capable de bouleverser l’économie régionale.

Sur la controverse Pegasus, Dupuy dévie la responsabilité vers Israël, le concepteur du logiciel, en disculpant le Maroc. Quant à l’Algérie, les déclarations prennent un tour acerbe : Dupuy laisse entendre que le président Tebboune serait un interlocuteur inapproprié et suggère un stratagème inspiré de Jacques Chirac, recommandant de feindre un partenariat avec Alger tout en renforçant discrètement les liens avec le Maroc.

Dupuy dresse ensuite un tableau alarmiste, pointant du doigt ce qu’il qualifie de « djihadisme » en Algérie en lien avec un meurtre d’une touriste suisse, pourtant attribué à un délinquant isolé, mais qu’il associe rapidement à une menace islamiste plus vaste. L’objectif ? Montrer la nécessité pour la France de réduire sa dépendance énergétique à l’Algérie, plaidant pour un virage stratégique vers le Maroc. Dupuy fait ainsi l’éloge des « mégaprojets » marocains, du TGV Al-Boraq à la future zone industrielle de Dakhla, voyant dans le royaume chérifien une « Californie africaine » prête à accueillir un siège permanent au Conseil de sécurité des Nations Unies.

Le summum de l’argumentation survient lorsque Dupuy compare la position actuelle d’Emmanuel Macron à celle de l’empereur Henri IV à Canossa. En paraphrasant le président algérien, il dira « Macron ira à Canossa » pour se rattraper en illustrant le rapprochement inévitable de la France vers le Maroc pour échapper à une débâcle économique et sécuritaire en Afrique. Selon lui, les banques françaises, écartées dans de nombreux pays africains, seraient aujourd’hui remplacées par des banques marocaines, et un partenariat avec le Maroc serait l’unique issue pour éviter une déroute financière à la France.

Voici le lien de cette discussion pour que nos lecteurs constatent eux-mêmes la déroute de certains Français :

Au final, ce plaidoyer appuyé laisse des questions sans réponses : la France, à bout de souffle, doit-elle vraiment se relancer en Afrique francophone par la « fenêtre marocaine » ? Ce retour peut-il réussir, ou s’agit-il d’un discours façonné pour justifier une bascule déjà amorcée vers le Maroc au détriment de l’Algérie ?

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