Tawakkol Karman célèbre ce qu’elle qualifie de « victoire historique » du peuple syrien

(Photo en 2011: A gauche, Tawakkol Karman, à droite, Hilary Clinton)

Ce matin, la rédaction d’ATIPIK a reçu un communiqué de Tawakkol Karman, lauréate yéménite du prix Nobel de la paix et directrice de la chaîne islamiste « Balqees », financée par des organismes internationaux et des pays du Golfe, et basée à Istanbul. Dans ce message, elle célèbre ce qu’elle qualifie de « victoire historique » du peuple syrien contre le régime de Bachar al-Assad. Bien que ses propos exaltent le courage et la résilience de la population syrienne, une analyse plus approfondie des implications de cette chute soulève des questions cruciales sur l’avenir du pays.

Tawakkol Karman dresse un portrait idéalisé de la révolution syrienne, insistant sur la morale et l’unité des forces révolutionnaires. Cependant, cette vision occulte les fractures internes au sein de l’opposition syrienne, composée de groupes aux objectifs et idéologies divergents, allant de factions démocratiques aux milices islamistes radicales. Ces divisions risquent de transformer la transition en une lutte de pouvoir prolongée, augmentant le risque d’instabilité.

L’histoire récente des transitions post-régimes autoritaires dans la région, notamment en Libye et au Yémen, offre des leçons alarmantes. L’effondrement d’un régime autoritaire, bien qu’une étape cruciale vers la liberté, ne garantit ni la paix ni la stabilité. L’absence d’un plan clair pour l’« après-Assad » laisse entrevoir un risque élevé de chaos politique, de rivalités armées et d’interventions étrangères.

Le communiqué de Tawakkol Karman reste muet sur les défis concrets qui attendent la Syrie : la reconstruction d’un État détruit, le retour de millions de réfugiés, et surtout, la nécessité de parvenir à une réconciliation nationale dans un pays profondément marqué par des divisions ethniques, religieuses et politiques.

Le communiqué accuse le régime de Bachar al-Assad et ses alliés, l’Iran et la Russie, de crimes de guerre, mais ne reconnaît pas le rôle des puissances étrangères qui ont soutenu certains groupes rebelles. Des observateurs estiment que des intérêts extérieurs pourraient exploiter l’instabilité post-Assad pour maintenir la Syrie dans une spirale de guerre par procuration.

Si la chute d’Assad est saluée comme une victoire, elle ne marque que le début d’un long processus de reconstruction et de réconciliation. Les Syriens devront faire face à des défis immenses : instaurer un gouvernement inclusif, éviter une guerre civile prolongée, et résister à l’influence des acteurs étrangers. Sans une vision claire et une unité nationale, l’après-Assad pourrait plonger la Syrie dans un nouveau cycle de violence et de souffrance.

L’euphorie exprimée dans le communiqué de Tawakkol Karman, bien qu’explicable au regard des soutiens financiers qu’elle a reçus, notamment de la National Endowment for Democracy (NED) et de l’Open Society de George Soros, ne doit pas occulter ces réalités. L’histoire a montré que renverser un régime est une chose, mais construire une démocratie durable en est une autre, bien plus complexe.

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