Syrie : La communauté internationale gagne toujours
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Vue aérienne de la cité de Palmyre (Syrie) détruite en 2017
Commencé par de simples manifestations démocratiques en 2011, le conflit syrien aboutit à un épilogue sans surprise : Bachar el-Assad est tombé, contraint à l’exil ce 8 décembre 2024. Voilà donc la Syrie libérée enfin du clan Assad, prête à connaitre la prospérité et la paix. La communauté internationale gagne toujours. Telle est la leçon à retenir de cette tragédie au bilan humain très lourd.
La Syrie était devenue une poudrière, concentration de toutes les prétentions : hégémoniques, diplomatiques, terroristes. L’épicentre des plaques géopolitiques mondiales, sur lesquelles reposerait l’équilibre d’un ordre mondial nouveau, disputé de toutes parts. Officiellement, du moins médiatiquement, toute cette ébullition visait à libérer les Syriens de la main de fer de leur dictateur de président. Compte tenu du nombre incalculable de morts, de déplacés internes et externes, sans compter la destruction massive de plusieurs villes : Alep, Hama, Homs réduites en ruines, cette théorie de libération ne résiste, hélas, pas longtemps à l’analyse.
Les scènes de liesse d’un peuple libéré, mêlées aux images insoutenables d’anciens prisonniers, que l’on retire de geôles inhumaines, rappellent à s’y méprendre, aux scènes diffusées lors de la chutes d’autres dictateurs : le libyen Mohammad Kadhafi, le dictateur irakien Saddam Hussein, et même plus loin, celles du dictateur zaïrois Mobutu. En effet, tout se reproduit avec une telle similarité qu’on ne peut manquer de s’interroger sur ce qui s’apparente, finalement à un modus operandi, lorsqu’il s’agit de libérer un peuple d’une dictature. En voici le modèle :
La communauté internationale commence par identifier un dictateur, un homme méchant, capable d’éliminer son peuple sans motif et qui affiche une propension incontrôlable à l’enrichissement personnel. Compatissante, elle qui ne peut supporter l’injustice, finit par lancer une campagne multidirectionnelle : médiatique, politique, diplomatique et même militaire, afin de remettre le peuple meurtri dans ses droits bafoués. S’en suit, le renversement du régime incriminé : les fameuses scènes de liesse, de geôles, l’arrivée des nouveaux hommes forts, etc. Bref, tout est bien, qui finit bien.
Pourtant, qu’il s’agisse de l’Irak, de la République Démocratique du Congo, ex-Zaïre, ou encore de la Lybie, ce qui aurait dû sonner le glas d’une nouvelle ère de paix et de bonheur, résonne aujourd’hui comme la cloche du malheur.
Prenons le cas de la RDC : A la fin des années 80, il fut décidé de mettre un terme au règne sans partage du dictateur Mobutu, par les puissances dont il était le prolongement des années durant. La communauté internationale, sans doute, irritée par le traitement injuste et brutal de ce président, avait en effet décidé de monter une coalition contre lui, afin de libérer son peuple. La campagne médiatique a fait état de sa supposée fortune, qui en faisait la quatrième du monde. Par ailleurs, elle n’a pas hésité à le décrire comme un despote brutal et sanguinaire qui n’hésite pas à massacrer des franges entières de sa population pour se maintenir au pouvoir. Une fois cette réputation entamée, largement partagée et commentée dans la médiasphère, il ne restait plus qu’à l’isoler politiquement. Cette phase terminée, le sort du dictateur était scellé. Il n’intéressait plus personne. Déshumanisé, il devenait dès lors un mort-vivant, incapable de résister à quelque offensive militaire. L’AFDL (L’alliance des forces de libération) soutenue par les gendarmes du monde avait pour base arrière le Rwanda, l’Ouganda et la Tanzanie. Elle a contraint Mobutu à l’exil en 1997. Date qui coïncide étrangement avec le début des malheurs du peuple congolais. Il se débat jusqu’à ce jour face à de nombreux groupes armés, dont la plupart sont financés par les pays qui se prétendaient autrefois libérateurs.