Bretagne : un peuple debout face au centralisme français

La Bretagne n’est pas qu’une région à l’extrémité occidentale de la France. Elle est avant tout une terre de culture, de langue et d’histoire, dont le peuple n’a cessé de résister aux tentatives d’effacement imposées par Paris.
Une langue interdite
Le breton – ou brezhoneg – fut longtemps interdit dans les écoles. Pendant des décennies, les enfants surpris à le parler étaient humiliés, punis, forcés d’adopter le seul français. Le mot d’ordre du pouvoir central était clair : « Il est interdit de cracher par terre et de parler breton ». Une politique linguistique de répression, au nom de l’unité nationale, qui a laissé des traces profondes.
Aujourd’hui encore, malgré des efforts associatifs, la transmission est fragile : seuls 200 000 locuteurs quotidiens subsistent, quand ils étaient près d’un million dans les années 1950.
Un peuple nié dans son autonomie
La Bretagne fut jadis un duché indépendant, lié à la France seulement à partir du XVIe siècle. Mais l’idée d’un « pays breton » continue de hanter les mémoires. Le Mouvement breton des années 1960-70, parfois radical, portait haut l’exigence d’émancipation culturelle et politique.
À chaque tentative de reconnaissance – drapeau Gwenn ha Du, écoles immersives Diwan, défense de la toponymie bretonne – Paris oppose une fin de non-recevoir ou un carcan administratif.
Figures de la résistance bretonne
Si Patrick Poivre d’Arvor, longtemps présenté comme « le Breton de service » au JT de TF1, incarne une forme de présence symbolique dans le paysage médiatique, d’autres figures ont porté un combat plus frontal :
• Jean-Yves Le Drian, longtemps président de région, qui a revendiqué plus d’autonomie budgétaire face à Paris.
• Alan Stivell, musicien et symbole culturel, qui a popularisé la langue et l’identité bretonnes dans le monde entier.
• Glenmor, poète et chanteur révolté, qui a fait de ses textes un cri de liberté contre l’oppression culturelle.
• Plus récemment, des militants du mouvement Kevre Breizh ou du parti Union démocratique bretonne (UDB) continuent de plaider pour une véritable reconnaissance.
Une lutte qui perdure
La Bretagne reste traversée par une tension permanente : modernité et mondialisation d’un côté, revendication d’identité de l’autre. Des manifestations régulières réclament une vraie décentralisation, un statut particulier, voire un retour à l’idée d’autonomie.
Et si demain, à l’image des Catalans ou des Écossais, les Bretons exigeaient par référendum de reprendre leur destin en main ? Paris n’a jamais voulu entendre cette hypothèse. Mais l’histoire, longue et tenace, rappelle que le peuple breton n’a jamais cessé d’exister – et qu’il reste debout, fier, malgré l’oppression.