Interdiction de sortie du territoire : pourquoi certains cas monopolisent les ONG et les médias
Dans plusieurs pays du monde, l’interdiction de sortie du territoire national (ISTN) est utilisée comme mesure administrative ou judiciaire pour limiter la liberté de circulation. Elle touche des citoyens comme des étrangers, et peut aller de la simple procédure judiciaire à un outil de contrôle politique. Pourtant, malgré son usage répandu, certains pays semblent bénéficier d’une attention médiatique disproportionnée.
L’Algérie est aujourd’hui au centre des rapports des ONG de défense des droits humains. Des hommes d’affaires et opposants sont régulièrement empêchés de quitter le pays.
Cette situation a généré de nombreux articles et communiqués internationaux, suscitant un large écho dans les médias francophones. Selon des observateurs, cette focalisation s’explique en partie par la facilité d’accès à l’information, le contexte politique, et le rôle historique de l’Algérie dans les relations avec l’Europe.
Pourtant, d’autres pays utilisent également des mesures comparables, parfois avec des effets tout aussi problématiques, mais restent moins médiatisés. Le Maroc, par exemple, impose des ISTN dans le cadre d’affaires judiciaires ou fiscales, touchant parfois journalistes ou entrepreneurs.
Dans le Golfe, le Qatar, les Émirats arabes unis et l’Arabie saoudite appliquent des restrictions à la sortie du territoire pour des dettes, des litiges professionnels, et dans certains cas pour des motifs politiques, souvent à l’encontre d’expatriés ou de militants des droits humains. Même en Europe, la France utilise l’IST dans un cadre restreint, notamment pour les individus suspectés de vouloir rejoindre des groupes terroristes, mais avec un encadrement judiciaire strict.
Alors, pourquoi ce déséquilibre dans la couverture médiatique et l’action des ONG ? Plusieurs raisons sont avancées : la visibilité des cas algériens auprès des médias internationaux du fait de la pléthore d’activistes algériens souvent mercenaires qui utilisent les réseaux sociaux répandant l’idée de la perception d’un système judiciaire moins transparent, et un contexte où les restrictions touchent un public local susceptible d’attirer l’attention internationale.
Les mesures dans les pays du Golfe ou au Maroc pourtant plus nombreuses, sont souvent moins documentées, plus opaques et moins médiatisées ou concernent des expatriés peu visibles médiatiquement, ce qui réduit leur couverture.
Les spécialistes des droits humains rappellent que l’ISTN, lorsqu’elle est appliquée de manière arbitraire, constitue une violation du droit international — quel que soit le pays. Les ONG invitent donc à une vigilance équilibrée : dénoncer les abus partout, pas seulement dans les pays les plus médiatisés.
Le défi reste de taille : informer l’opinion publique et les instances internationales de manière objective, sans que l’attention se concentre uniquement sur quelques États au détriment d’autres cas tout aussi préoccupants voire plus préoccupants.
