L’Afrique au cœur de la diplomatie mondiale : entre G20 à Johannesburg et sommet UA-UE à Luanda
Alors que l’année 2025 touche à sa fin, l’Afrique devient le centre de gravité diplomatique de la planète. À quelques jours d’intervalle se tiennent deux événements majeurs : le sommet du G20 à Johannesburg, une première historique pour le continent, et le sommet Union africaine–Union européenne à Luanda, consacré à la refondation d’un partenariat stratégique vieux d’un quart de siècle. Deux rendez-vous différents par leur nature, mais qui reflètent tous deux l’ambition de l’Afrique de peser davantage sur la scène mondiale.
Un G20 aux attentes globales et aux enjeux diplomatiques intenses
Le sommet du G20, organisé pour la première fois en Afrique sous présidence sud-africaine, s’inscrit dans un contexte économique et géopolitique particulièrement chargé. Les dirigeants des plus grandes économies mondiales sont attendus sur des sujets de portée systémique : financement du développement, réforme de la gouvernance financière internationale ou encore lutte contre la crise climatique.
À ces défis globaux s’ajoutent des enjeux diplomatiques sensibles qui attireront l’attention des observateurs. Le président algérien Abdelmadjid Tebboune, qui a confirmé sa participation, doit rencontrer pour la première fois son homologue français. Cette entrevue marquera un moment important dans la reprise du dialogue franco-algérien, après une série de tensions nourries par les déclarations de l’ancien ministre Bruno Retailleau et la libération de l’écrivain Boualem Sansal. Pour Alger, la ligne reste inchangée : aucun dossier personnel, aussi symbolique soit-il, ne saurait prévaloir sur les intérêts stratégiques liant les deux nations.
Dans un autre registre, la rencontre prévue entre Félix Tshisekedi et Paul Kagame concentrera également l’attention. Les présidents de la RDC et du Rwanda, dont les relations ont été marquées par une hostilité persistante, se retrouvent dans un climat où plusieurs protocoles d’accord récents visent à apaiser les tensions et à relancer des perspectives de coopération, notamment en matière de sécurité et d’économie dans la région des Grands Lacs.
Sur le fond, Johannesburg sera aussi le théâtre de discussions sur la dette des pays à faibles revenus, un enjeu central pour l’Afrique. Un panel d’experts africains plaide pour un mécanisme de refinancement et une modernisation des outils du FMI et de la Banque mondiale. La transition énergétique juste occupera également une place majeure, tout comme la résilience face aux crises climatiques et alimentaires.
La présidence sud-africaine souhaite inscrire ces travaux sous le signe de la « solidarité, de l’égalité et de la durabilité ». Reste à savoir si les tensions géopolitiques et certaines absences d’acteurs majeurs permettront d’atteindre le niveau d’ambition espéré.
Luanda, scène d’un partenariat stratégique à réinventer
À Luanda, le sommet Union africaine–Union européenne adoptera un ton plus bilatéral, mais tout aussi stratégique. L’événement marque les 25 ans du partenariat UA-UE, et les deux continents cherchent à redéfinir leurs priorités communes dans un monde en pleine recomposition.
La paix et la sécurité seront au cœur des échanges, alors que plusieurs régions africaines demeurent confrontées à des crises multiformes. L’UE et l’UA tenteront de consolider une coopération devenue plus équilibrée, davantage fondée sur des engagements mutuels que sur une logique d’aide traditionnelle.
La dimension économique devrait s’imposer comme un pilier majeur, entre investissements dans les infrastructures, soutien aux chaînes de valeur africaines et accélération de la transition énergétique. Le développement de l’économie numérique, les enjeux de fiscalité internationale ainsi que la lutte contre les flux financiers illicites seront également au menu des discussions.
Les questions migratoires, souvent sources de tensions, figureront-elles aussi en bonne place, avec l’ambition affichée de bâtir une approche concertée, articulant mobilité légale, développement local et gestion commune des défis migratoires.
Deux rendez-vous, deux logiques diplomatiques
Bien que proches dans le temps et géographiquement situés en Afrique, les deux sommets répondent à des logiques distinctes. À Johannesburg, l’Afrique se projette comme acteur global, s’adressant aux grandes puissances économiques du monde. À Luanda, elle s’engage dans une relation bilatérale structurée avec l’Europe, axée sur la co-construction de solutions concrètes.
Le G20 cherche à produire des engagements planétaires, tandis que le sommet UA-UE vise des avancées opérationnelles : investissements, partenariats, programmes communs. Symboliquement, ces deux moments traduisent l’affirmation d’un continent qui entend compter davantage dans les équilibres internationaux, tout en consolidant des alliances stratégiques essentielles à son développement.
