Avoirs russes en Belgique : l’UE choisit l’emprunt et ouvre la voie à un tournant diplomatique
Le dossier explosif des avoirs russes gelés en Belgique vient de connaître un tournant majeur. Au cœur du bras de fer européen, le Premier ministre belge Bart De Wever a tenu bon : pas de confiscation directe des fonds russes déposés chez Euroclear, estimés à près de 190 milliards d’euros. Une ligne rouge juridique et financière que la Belgique refusait de franchir, par crainte de précédents dangereux pour la crédibilité de sa place financière.
Face aux réticences belges, mais aussi aux divisions internes, le sommet européen a finalement accouché d’un compromis. Les Vingt-Sept se sont accordés sur une autre solution : un emprunt commun pouvant atteindre 90 milliards d’euros afin de financer l’effort de guerre ukrainien, tout en continuant à utiliser les intérêts générés par les avoirs russes gelés. Une sortie par le haut qui permet d’éviter une confiscation directe, tout en maintenant un soutien financier massif à Kiev.
Cette décision marque aussi un changement de séquence politique. Après le retrait brutal du soutien financier américain, consécutif au retour de Donald Trump et à la fermeture des « robinets » de Washington, l’Union européenne se retrouve seule en première ligne. Contrainte par ses propres limites budgétaires et stratégiques, Bruxelles semble désormais prête à explorer une nouvelle étape : celle d’un dialogue avec Moscou.
Sans parler encore de négociations formelles, plusieurs capitales européennes évoquent désormais la nécessité de rouvrir des canaux diplomatiques avec la Russie afin d’envisager une issue au conflit. Un glissement progressif, dicté autant par la fatigue de la guerre que par la réalité géopolitique, et qui pourrait redessiner en profondeur la stratégie européenne dans les mois à venir.
