Abdelmadjid Tebboune : Le Président des Classes Populaires
Pour comprendre pourquoi le président Abdelmadjid Tebboune se sent profondément concerné par les classes populaires, il est essentiel de revenir sur son parcours professionnel et personnel, de ses débuts modestes à son ascension au plus haut sommet de l’État.
Abdelmadjid Tebboune, né le 17 novembre 1945 à Mécheria, dans une Algérie encore sous colonisation française, a grandi dans une famille modeste originaire du village de Boussemghoun, situé dans l’actuelle wilaya d’El-Bayadh, au sud-ouest du pays. Cette région du grand Sud algérien a longtemps été négligée par les autorités centrales, malgré les promesses répétées des chefs d’État successifs, de Ben Bella à Bouteflika, en passant par Boumediene et Chadli. C’est cette marginalisation, que le président Tebboune a baptisée « zones d’ombre », qu’il a décidé de prendre en charge dès son accession à la présidence.
Diplômé de l’École nationale d’administration en 1969, Abdelmadjid Tebboune a gravi les échelons de la fonction publique avec détermination, en commençant comme administrateur stagiaire en 1969 dans la wilaya de la Saoura. Il a occupé plusieurs postes de secrétaire général dans différentes wilayates, puis est devenu wali de plusieurs régions, dont Adrar, Tiaret, et Tizi Ouzou. Son parcours est marqué par une patience et une persévérance qui reflètent les valeurs des gens du Sud, une population souvent confrontée à des privations, comme ce fut le cas de Tebboune lui-même durant son enfance.
Son entrée en politique à un haut niveau commence en 1991 lorsqu’il devient ministre délégué chargé des Collectivités locales. Après une période en dehors du gouvernement, il revient en 1999 sous la présidence de Bouteflika, occupant successivement plusieurs postes ministériels, notamment celui de ministre de l’Habitat et de l’Urbanisme. Sa détermination à lutter contre la corruption et à réformer l’administration publique, même au risque de sa carrière, s’illustre lorsqu’il est nommé Premier ministre en mai 2017. Il tente de restreindre les importations et de mettre en place des mesures rigoureuses pour lutter contre la corruption, ce qui lui vaut des inimitiés puissantes, notamment de la part des oligarques liés au régime de Bouteflika, et entraîne son limogeage après seulement trois mois à ce poste.
Sa brève mais marquante période en tant que Premier ministre le rend populaire parmi les classes populaires et les réformateurs en Algérie, renforçant son image d’homme intègre et de serviteur de l’État. En décembre 2019, il est élu président de la République algérienne, devenant le premier chef d’État élu démocratiquement et sans légitimité révolutionnaire, avec pour mission de redresser un pays encore marqué par des années de corruption et de mauvaise gouvernance.
Durant son premier mandat, Tebboune s’est concentré sur des réformes structurelles dans des secteurs clés tels que l’agriculture, avec l’ambition de faire de l’Algérie un grenier pour l’Afrique et l’Europe, la numérisation pour réduire la corruption, la promotion des nouvelles technologies, et le développement du tourisme durable. Son attachement aux zones d’ombre n’est pas seulement un engagement politique, mais aussi un retour aux sources, un effort pour offrir aux populations de ces régions ce qui lui avait manqué dans son enfance : des bus scolaires, des cantines avec des repas chauds, et des logements décents.
En se représentant pour un second mandat en septembre 2024, Tebboune espère poursuivre ces réformes et répondre aux aspirations des Algériens, en particulier des classes populaires et des régions longtemps oubliées. Son parcours, ancré dans une expérience personnelle de privations et de résilience, explique pourquoi il reste profondément concerné par les défis auxquels font face les classes populaires en Algérie.
La vérité sortira des urnes dans quelques heures.