Algérie : la peine de mort contre les barons de la drogue : Une loi-choc pour sauver la jeunesse

À la veille d’un vote historique, l’Algérie s’apprête à durcir radicalement sa législation antidrogue. Le 19 mai, les députés algériens seront appelés à se prononcer sur un projet de loi instaurant la peine capitale pour les trafiquants de drogue. Une réponse musclée à un fléau qui ronge le pays, notamment sa jeunesse.

Des saisies records, une explosion de la consommation chez les mineurs, et des réseaux de trafic de plus en plus structurés : l’Algérie est en état d’alerte face à la montée des drogues dures et du cannabis sur son territoire. Face à cette urgence nationale, le gouvernement de Nadir Larbaoui propose une réponse implacable : exécuter les dealers les plus dangereux.

Un tournant sécuritaire majeur

Le projet de loi, en cours d’examen à l’Assemblée populaire nationale (APN), introduit pour la première fois la peine de mort comme sanction maximale contre les trafiquants récidivistes, notamment ceux opérant en bande organisée ou vendant à des mineurs. La loi actuelle, en vigueur depuis 2004, prévoyait déjà des peines lourdes, allant jusqu’à la perpétuité. Désormais, la justice pourrait aller plus loin.

“C’est une question de survie pour notre jeunesse”, déclare un haut responsable du ministère de la Justice. “Nous sommes confrontés à des réseaux internationaux qui utilisent l’Algérie comme couloir et marché. Le temps des demi-mesures est révolu.”

Un fléau en pleine mutation

En 2024, les services de sécurité ont intercepté plus de 36 tonnes de kif traité, 631 kg de cocaïne et 25 millions de comprimés psychotropes. Ces chiffres alarmants traduisent l’ampleur d’un trafic qui prend racine aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur des frontières.

Les drogues proviennent principalement de l’ouest, du Maroc, où le cannabis est désormais encadré par l’État pour un usage médical et industriel. À l’est et au sud, les frontières poreuses avec la Libye, le Mali et le Niger facilitent l’entrée de drogues synthétiques, souvent en provenance de Turquie ou d’Europe.

Un trafic sous influence

L’Algérie fait face à une recrudescence des drogues synthétiques, dont la propagation suit des routes de contrebande de plus en plus complexes. Selon plusieurs sources sécuritaires régionales, certaines de ces substances prendraient leur départ depuis la Turquie, où leur production serait en partie financée par des réseaux liés aux Émirats arabes unis. Ce pays du Golfe, régulièrement accusé de jouer un rôle de puissance proxy dans certaines zones, est soupçonné de vouloir affaiblir des États souverainistes comme l’Algérie. Ces accusations, bien que non officiellement confirmées par Alger, participent à une méfiance croissante envers des acteurs extérieurs jugés perturbateurs.

Une jeunesse ciblée

Avec près de 60 % de sa population âgée de moins de 35 ans, l’Algérie possède un immense réservoir de jeunesse. Mais cette jeunesse est aussi la première victime. Selon plusieurs rapports, des enfants de 9 à 12 ans sont déjà en contact avec des dealers dans certains quartiers mêmes les plus reculés.

Les campagnes de sensibilisation, les programmes éducatifs et les actions communautaires ont été renforcés. Mais le gouvernement estime que cela ne suffit plus. “Il faut casser la chaîne d’approvisionnement à sa tête, pas seulement traiter les symptômes”, martèle un conseiller du ministère de l’Intérieur.

Si la nouvelle législation venait à être adoptée, elle incarnerait un tournant radical dans la politique pénale algérienne. Le 19 mai, l’Algérie ne votera pas seulement une loi. Elle décidera de la nature même de sa riposte à un mal profond.

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