Edwy Plenel et la Guerre d’Algérie : Un Appel à la Réconciliation et à la Vérité (Vidéo)

Edwy Plenel, né en 1952 à Nantes, a vécu en Algérie à partir de 1965. Il y a terminé sa scolarité et entamé ses études universitaires, avec une année de mathématiques et deux années de sciences politiques. Le 17 mars 2018, le journaliste et co-fondateur du site Mediapart a prononcé des mots poignants lors d’une interview qui resteront gravés dans les mémoires. Ému, les larmes aux yeux et la voix tremblante, il a lancé un appel solennel à la France, l’exhortant à reconnaître pleinement la brutalité de son passé colonial en Algérie. Il affirmait alors, d’une voix chargée de gravité : « Pour que la démocratie soit vivante, créative et positive… Pour que l’histoire se libère, nos responsables politiques doivent demander pardon à l’Algérie, comme l’a fait Chirac pour Vichy. »
Cette déclaration s’inscrit dans une réflexion plus vaste sur la nécessité pour la France de confronter son passé colonial, et en particulier celui de la guerre d’Algérie, qui a marqué à jamais les relations entre les deux pays pendant de nombreuses décennies. La guerre d’Algérie, qui a duré de 1954 à 1962, a laissé des cicatrices profondes et des mémoires douloureuses, aussi bien en Algérie qu’en France. Elle reste un sujet de division politique et sociale, avec des débats sur la reconnaissance des crimes commis par l’armée française qui continuent de diviser.
L’appel d’Edwy Plenel s’inscrit dans un souhait de réconciliation entre la France et l’Algérie, mais aussi dans une démarche de réparation morale. Il rappelle que, tout comme Jacques Chirac l’avait fait en 1995 en s’excusant pour la collaboration du régime de Vichy durant la Seconde Guerre mondiale, il est impératif que l’État français reconnaisse les tortures, les exécutions sommaires, les disparitions forcées, l’utilisations des armes chimiques, les enfumades et les autres atrocités commises durant la guerre d’Algérie. Pour Plenel, une telle reconnaissance serait le premier pas vers une véritable guérison et la fin d’une guerre mémorielle qui perdure encore aujourd’hui.
Cette position n’a pas fait l’unanimité en France. De nombreux responsables politiques, notamment à droite, s’opposent fermement à toute demande de pardon. Selon eux, il serait inutile et contre-productif de réécrire l’histoire d’une guerre aussi complexe et douloureuse. Pourtant, pour Edwy Plenel, la reconnaissance des souffrances des Algériens et des crimes commis par l’armée française est un préalable indispensable à la libération de la démocratie française, toujours marquée par les non-dits de son passé colonial.
Dans cette interview, Plenel met en lumière la responsabilité morale des autorités françaises de confronter les conséquences de leurs actions passées, non pas pour se flageller, mais pour rendre justice aux victimes. Selon lui, cette démarche est cruciale pour la construction d’une démocratie plus solide, fondée sur la vérité et le respect des droits humains. En réclamant un pardon officiel de l’État français, il appelle à un geste symbolique de reconnaissance de la souffrance des Algériens et à un retour à la vérité historique, essentiel à la réconciliation entre les deux nations.
Aujourd’hui, sept ans après cette déclaration, la question de la guerre d’Algérie reste toujours d’actualité. Bien que des progrès aient été réalisés, avec des déclarations officielles et des gestes symboliques de la part des autorités françaises, la plaie reste ouverte. Pour Edwy Plenel, l’histoire ne sera pleinement libérée que lorsque la France aura définitivement affronté son passé colonial et réparé les torts causés à l’Algérie, dans un esprit de justice, de vérité et de réconciliation. Ces principes sont fondamentaux pour construire une démocratie véritablement inclusive et respectueuse de tous.
Extrait de l’interview d’Edwy Plenel :