Georges-Louis Bouchez : Un discours aux accents néo-négationnistes ?

Les lecteurs du Figaro Magazine ne seront sans doute pas tentés de visiter Bruxelles de sitôt. L’hebdomadaire de droite a consacré sa dernière Une à un “Voyage en Belgiquistan”, relatant “comment l’islam s’est imposé en Belgique”. Une “enquête” qui rappelle celle du magazine d’extrême droite Valeurs actuelles sur le “Belgikistan”, publiée en 2022.

Les sept pages de ce dossier, parues ce vendredi 21 mars, décrivent des quartiers bruxellois “gangrénés” par “l’économie islamique”, une presse “muselée par l’islamo-gauchisme” et un monde politique “passif”. Toutefois, cette vision alarmiste d’une société “coincée entre la pression woke et l’islamisme” est loin d’avoir convaincu tous les médias belges.

Une critique unanime des médias belges

La presse belge a vivement réagi, dénonçant un “dossier à charge”, un texte “fourre-tout, dépourvu de véritable analyse”, soulevant “des questions sans en approfondir aucune”. Les critiques portent notamment sur “un portrait alarmiste qui ne laisse aucune place aux voix contradictoires” et qui ne donne la parole qu’à des personnes “effarées” par l’évolution de Bruxelles.

Certains articles ont relevé des contradictions flagrantes, notamment lorsque Le Figaro déplore le “manque de diversité de la capitale belge”, alors qu’elle ne compte pas moins de 186 nationalités. De plus, l’idée que “les Belges se tairaient face à l’islamisme” est contestée, le sujet étant régulièrement abordé dans le débat public. “Tout cela n’apparaît pas dans les colonnes du journal français”, déplorent les médias belges, rappelant que le débat sur certaines écoles musulmanes reste très vif dans le pays.

Georges-Louis Bouchez soutient Le Figaro Magazine

Georges-Louis Bouchez, président du Mouvement Réformateur (MR), parti de droite francophone, s’est montré plutôt en phase avec l’article du Figaro Magazine. Dans une interview accordée à une chaîne de télévision belge privée, il a déclaré : “Je pense que nous sous-estimons la place de l’influence religieuse et islamiste dans notre pays… Il y a une succession de faits qui ne doit pas nous laisser indifférents.”

Mais c’est surtout son positionnement sur Gaza qui fait réagir. Bouchez a nié la qualification de génocide par la Cour internationale de Justice, affirmant : “On ne peut plus interroger la question du génocide d’un point de vue juridique ! C’est un scandale de faire passer ce qui se passe à Gaza pour un génocide. On ne peut pas lâcher la question du génocide comme si de rien n’était.”

Ces propos ont immédiatement provoqué des réactions en coulisses parmi les politiciens belges, certains s’interrogeant sur une possible dérive néo-négationniste du chef de file du MR.

Un discours musclé, une position controversée

Bouchez, connu pour son franc-parler tranché, affirme qu'”il y a une césure dans certains quartiers, une séparation du reste de la société… L’absence de mixité sociale est une réalité objectivée par les chercheurs”.

Toutefois, il n’a pas explicitement mentionné Molenbeek, tristement célèbre pour avoir abrité les terroristes du Bataclan, tous Belges d’origine marocaine. Ce silence a fait réagir certains observateurs, qui lui reprochent une “marocophobie” latente, la communauté marocaine étant la plus grande communauté musulmane de Belgique.

Cependant, ses détracteurs peuvent-ils vraiment le qualifier de xénophobe ? C’est lui qui a installé Hadja Lahbib, ancienne présentatrice du JT de la RTBF et Belge d’origine algérienne, à la tête du ministère des Affaires étrangères. Aujourd’hui commissaire européenne, elle incarne une certaine ouverture du MR, qui complique les accusations de racisme à son encontre.

Entre provocation et stratégie politique

En affichant son soutien aux thèmes développés par Le Figaro Magazine et en niant le génocide à Gaza, Georges-Louis Bouchez ne fait que renforcer sa réputation de politicien provocateur. Reste à voir si cette stratégie lui sera bénéfique ou s’il finira par s’isoler sur l’échiquier politique belge.

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