Historique : l’Algérie offre un pape et un cardinal au monde chrétien

Une première dans l’histoire du Vatican : un pape d’origine algérienne et un cardinal nommé en Algérie. L’Église catholique embrasse de nouvelles racines, entre héritage augustinien et renouveau spirituel.
C’est un événement sans précédent, riche de sens et de symboles : le 8 mai 2025, le monde catholique a accueilli un nouveau pape au profil atypique. Élu à la tête de l’Église universelle, Léon XIV — de son nom civil Francis Prévost — est né à Chicago en 1955, d’une famille algérienne ayant émigré aux États-Unis dans les années 1920.
Son élection marque un tournant historique : jamais un souverain pontife n’avait été issu d’une lignée algérienne. Dès son premier discours depuis la loggia de la basilique Saint-Pierre, Léon XIV a ému le monde entier par des mots simples et profonds :
« Je suis le fils de saint Augustin. Je suis augustinien. »
Un hommage vibrant à l’un des plus grands Pères de l’Église, né à Thagaste — aujourd’hui Souk Ahras, en Algérie — et figure majeure de la pensée chrétienne.
Léon XIV n’en est pas à son premier geste fort. En 1988, alors jeune évêque, il avait fait un pèlerinage bouleversant à la basilique Saint-Augustin d’Annaba, l’ancienne Hippone. Des témoins se souviennent encore de l’émotion intense qu’il avait ressentie en foulant la terre de ses ancêtres : une Algérie spirituelle, profonde, à la croisée des civilisations.
Autre moment historique : Mgr Jean-Paul Vesco, archevêque d’Alger, a été créé cardinal par feu le Pape François en 2024. Ce dominicain Algérien d’origine française, très engagé dans le dialogue interreligieux, avait lui aussi pris part au conclave. Sa nomination renforce encore le lien spirituel et historique entre l’Algérie et l’Église.
Longtemps marginalisée dans les itinéraires du tourisme en général et le tourisme religieux, l’Algérie réapparaît aujourd’hui sous un jour nouveau : terre chrétienne antique, creuset de cultures — amazighe, romaine, chrétienne, juive et musulmane — elle incarne une mémoire partagée et un potentiel d’unité.
Pour de nombreux Algériens, cette reconnaissance résonne comme une réhabilitation symbolique. Beaucoup espèrent désormais que le pape Léon XIV effectuera un voyage en Algérie, sur les traces de Saint Augustin. Une visite papale dans son pays d’origine serait un geste fort, empreint de paix, de réconciliation et de spiritualité.
Car saint Augustin appartient à l’humanité entière. Premier grand penseur amazigh, figure universelle et algérienne, il incarne une sagesse au-delà des clivages. Son héritage, ravivé aujourd’hui par le pontificat de Léon XIV, dépasse les frontières religieuses pour toucher à l’universel.
L’Algérie, bien loin d’être une création récente de l’histoire coloniale, est une nation ancienne, vivante, riche d’une tradition spirituelle plurielle. Elle n’est pas seulement une terre d’Islam, mais un carrefour de foi et de pensée. Et aujourd’hui, à travers le pape Léon XIV, elle retrouve sa place dans l’histoire du christianisme.
Un pape au cœur algérien, un cardinal enraciné à Alger : c’est tout un pan oublié de l’histoire spirituelle du Maghreb qui refait surface. Le fils de l’Algérie devenu chef de l’Église universelle : un symbole fort d’unité pour un monde en quête de sens.