Jean-Michel Aphatie brise le silence sur le massacre de Skikda : un pan de l’histoire que la France refuse d’affronter

Dans un contexte où la mémoire coloniale demeure un sujet brûlant, Jean-Michel Aphatie persiste et signe. Après avoir provoqué un séisme médiatique en dénonçant les exactions françaises en Algérie, l’ex-chroniqueur de RTL récidive en abordant un autre massacre : celui de Skikda (anciennement Philippeville), en 1955. Un crime de masse dont la France peine encore à reconnaître l’ampleur et la barbarie.

Duhamel, entre relativisme et esquive

Face aux déclarations d’Aphatie, Alain Duhamel tente de minimiser les faits, invoquant maladroitement d’autres violences survenues ailleurs dans le monde. Tout en reconnaissant la nécessité de distinguer la France coloniale de la France contemporaine, il reste dans un flou diplomatique. Aphatie, lui, ne l’entend pas de cette oreille et exige un devoir de vérité en commençant par ouvrir les archives, reconnaître les crimes, demander pardon, réparer, indemniser. C’est ainsi que nous pourrons bâtir un partenariat franco-algérien sain et durable.

L’armée française et la colonisation de peuplement : une mécanique de destruction

Jean-Michel Aphatie ne se contente pas de relater l’histoire : il la contextualise avec un regard acéré. Selon lui, la France refuse de regarder son passé colonial avec lucidité. Il rappelle que dès 1840, l’objectif était clair : faire de l’Algérie une colonie de peuplement. À cette époque, 100 000 soldats furent envoyés pour arracher les terres aux Algériens et y installer des colons venus de France, d’Espagne et d’Italie. « Nous professons des valeurs que nous ne respectons pas nous-mêmes », martèle-t-il, dénonçant un système où les Algériens étaient officiellement français tout en étant soumis au régime de l’indigénat, un apartheid de fait.

Le massacre de Skikda : une barbarie impunie

Mais c’est lorsqu’il évoque le massacre de Skikda en 1955 qu’Aphatie frappe le plus fort. Il rappelle que, suite aux soulèvements indépendantistes, l’armée française et les colons se sont livrés à une répression d’une violence inouïe. « À Philippeville, l’armée française rafle entre 2 000 et 3 000 hommes algériens. Ils sont emmenés au stade municipal, alignés, puis mitraillés pendant dix minutes. Ensuite, des engins municipaux ramassent les corps pour les enterrer dans une fosse commune, recouverte ensuite par un bulldozer. » Une exécution de masse, méthodique, dont la simple évocation glace encore le sang.

Une vérité qui dérange

Face à cette avalanche de faits, Duhamel se contente de qualifier Aphatie de « passionné ». Une manière élégante de fuir le débat. Pourtant, le journaliste ne fait que dire ce que la France tait depuis trop longtemps. Selon lui, Emmanuel Macron avait eu un éclair de lucidité en reconnaissant en 2017 que la colonisation était « un crime contre l’humanité », avant de se rétracter sous la pression médiatique et politique, dirigée par des élites refusant de voir la réalité en face.

Colonisation de peuplement : un fléau mondial

L’histoire de l’Algérie s’inscrit dans une dynamique plus large de colonisation de peuplement, un phénomène que l’on retrouve à travers le monde. De l’Irlande colonisée par les Anglais à l’Afrique du Sud des Boers, en passant par la Palestine, où l’État israélien continue de s’implanter sur des territoires occupés, cette forme de colonisation s’accompagne systématiquement de violences, d’épuration ethnique et de répression.

Quand la vérité éclatera-t-elle ?

En mettant en lumière les atrocités commises en Algérie, Jean-Michel Aphatie pose une question essentielle : la France aura-t-elle un jour le courage de faire face à son passé ? Tant que la reconnaissance officielle de ces crimes restera taboue, toute tentative de réconciliation sincère avec l’Algérie semblera illusoire. L’Histoire attend son verdict, et la mémoire des victimes, elle, exige justice.

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