La plus ancienne infirmière de Bouira, désabusée et en colère

Ce jeudi 12 septembre marque l’anniversaire de l’une des plus anciennes infirmières de Bouira, une ville historique et le troisième plus grand centre urbain de la région de la Kabylie, en Algérie. En juillet dernier, nous avions eu l’honneur de rencontrer cette septuagénaire, veuve depuis de nombreuses années, dans sa demeure à la « cité des Allemands ». Elle nous avait ouvert ses portes avec chaleur pour évoquer l’héritage de ses ancêtres. Descendante directe de Cheikh EL Haddad, figure emblématique née et décédée dans le village de Saddok, wilaya de Bejaïa, elle porte fièrement ce patrimoine.

Aujourd’hui, depuis Bruxelles, nous avons voulu lui souhaiter un joyeux anniversaire. À notre grande surprise, elle nous a répondu depuis un banc public, devant le siège de la Commune de Bouira. Elle attendait, désabusée, pour faire remplir un deuxième formulaire par un concitoyen, témoignage nécessaire pour prouver qu’elle ne s’est pas remariée après le décès de son mari, condition pour percevoir sa maigre retraite.

« J’ai besoin de deux témoins de Bouira », nous confie-t-elle. « J’ai déjà fait signer un premier formulaire par un ancien collègue, mais je dois encore trouver un deuxième témoin pour que tout soit en règle. » Alors qu’une amie passe et la salue, nous lui demandons pourquoi elle ne sollicite pas cette amie comme deuxième témoin. Sa réponse, choquante : « Ça ne marche pas comme ça. Les deux témoins doivent être de sexe masculin, le témoignage d’une femme n’est pas accepté par la Commune ! »

Indignés, nous avons tenté de la convaincre que, selon la Constitution algérienne, tous les citoyens sont égaux devant la loi, sans distinction de sexe. Pourtant, elle nous a affirmé que l’agente au guichet lui avait clairement répété qu’un formulaire signé par une femme n’avait aucune valeur.

Alors, qui dit vrai ? La Constitution algérienne, ou l’agente du guichet de la Commune de Bouira ? Le témoignage d’une femme est-il vraiment caduc en Algérie ? Ces questions sont au cœur d’un débat crucial sur l’égalité des sexes devant la loi, et nous appelons les juristes et responsables en Algérie à fournir des réponses claires et justes. La justice et l’égalité doivent enfin triompher sur les préjugés archaïques qui continuent de défier les droits des citoyennes algériennes.

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