L’Afrique face à la corruption : une lutte vitale pour son avenir

Chaque 11 juillet, l’Union africaine (UA) célèbre la Journée africaine de lutte contre la corruption, une occasion de mobiliser les citoyens, les gouvernements, les institutions et les partenaires internationaux autour d’un fléau qui mine le développement du continent : la corruption. Instituée en 2017, cette journée marque l’adoption de la Convention de l’Union africaine sur la prévention et la lutte contre la corruption, signée en 2003 à Maputo (Mozambique). Elle vise à promouvoir la transparence, la reddition des comptes, et l’éthique dans la gestion des affaires publiques.

Des avancées notables, mais encore inégales

Depuis l’adoption de la convention, plusieurs pays africains ont entrepris des réformes importantes. Des institutions anti-corruption ont vu le jour, des lois ont été renforcées, et des campagnes de sensibilisation se sont multipliées. Des progrès sont visibles :

   •   Rwanda : souvent cité comme un modèle, ce pays a mis en place une gouvernance rigoureuse avec une tolérance zéro envers la corruption.

   •   Botswana : avec sa Directorate on Corruption and Economic Crime (DCEC), ce pays a longtemps fait figure d’exception en Afrique australe.

   •   Île Maurice : a développé des mécanismes transparents de gestion publique et un système judiciaire indépendant.

   •   Algérie : malgré un lourd passé de corruption systémique sous l’ère Bouteflika, le pays a enclenché depuis 2019 une dynamique de redressement. Il a mis en place une Haute autorité de transparence, de prévention et de lutte contre la corruption, et engagé de nombreuses poursuites judiciaires. Plusieurs ministres, hommes d’affaires et hauts responsables ont été condamnés à de lourdes peines de prison. Parmi eux, des figures emblématiques du système Bouteflika. L’État algérien a également émis des mandats d’arrêt internationaux contre des dignitaires en fuite, tels que l’ex-ministre de l’Industrie Abdeslam Bouchouareb, ou encore le général Belksir, ex-chef de la Gendarmerie. Mais les pays occidentaux, notamment la France, refusent d’extrader ces fugitifs, malgré les preuves accumulées. Le pillage opéré par le clan Bouteflika se chiffre en milliards de dollars détournés, dissimulés en Suisse ou dans des paradis fiscaux comme Panama ou les Émirats.

Pourquoi lutter contre la corruption est vital pour l’Afrique

La corruption n’est pas un simple “dysfonctionnement” : c’est un obstacle structurel au développement.

   •   Elle détourne des milliards de ressources publiques chaque année, privant les populations de services de base (santé, éducation, infrastructures).

   •   Elle affaiblit les institutions démocratiques, encourage l’impunité et alimente les conflits.

   •   Elle décourage les investissements étrangers, fragilise l’économie et aggrave les inégalités sociales.

En luttant contre ce fléau, l’Afrique protège ses ressources, renforce sa souveraineté, et ouvre la voie à un développement durable, juste et inclusif.

L’hypocrisie des corrupteurs et des complices étrangers

Il serait hypocrite de parler de la corruption en Afrique sans évoquer le rôle des puissances étrangères — notamment certaines entreprises occidentales et chinoises — qui alimentent activement les réseaux de corruption.

Mais pire encore : certains États occidentaux abritent les corrompus en fuite, refusant leur extradition malgré les demandes officielles. L’affaire Bouchouareb, ministre algérien impliqué dans des scandales de détournements massifs, est emblématique : la France refuse de le remettre à la justice algérienne, malgré un mandat d’arrêt international. Idem pour d’autres figures protégées discrètement à Paris, Genève, ou Dubaï.

De plus, des banques européennes et suisses, ainsi que des structures offshore comme celles révélées dans les Panama Papers, ont servi à blanchir l’argent volé aux peuples africains. Sans ces complicités financières et politiques, la corruption à grande échelle ne serait pas possible.

Une lutte qui exige justice et cohérence

La Journée africaine de lutte contre la corruption est plus qu’un symbole : c’est un appel à l’action collective. Les gouvernements africains doivent renforcer l’indépendance de leurs institutions judiciaires, protéger les lanceurs d’alerte, et instaurer une vraie culture de la transparence. Mais cette lutte ne peut être gagnée sans la coopération sincère de la communauté internationale. Les pays qui refusent l’extradition des corrompus ou hébergent leur fortune volée doivent être dénoncés et mis face à leurs responsabilités.

L’Afrique ne pourra avancer durablement sans briser les chaînes de la corruption et sans dénoncer ceux qui, à l’extérieur, en tirent profit en toute impunité.

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