L’Amérique et la Suisse ont bloqué l’adhésion de la Palestine à l’ONU
Lors d’un sommet européen jeudi après-midi à Bruxelles, la journaliste Lila Lefèvre a évoqué au siège du Conseil de l’UE avec émotion la répétition de l’histoire, rappelant le dernier veto américain en 1976 contre l’entrée du Vietnam à l’ONU. Elle a souligné que si le Vietnam est maintenant un pays, indépendant et membre de l’ONU, le tour de la Palestine viendra. « L’Histoire se répète, argue la journaliste les larmes aux yeux (…) Le dernier veto à l’adhésion d’un État à l’ONU date de 1976, quand les Américains avaient bloqué l’entrée du Vietnam. Ce pays est aujourd’hui libre, indépendant et membre à part entière à l’ONU au gran dam des USA, le tour de la Palestine n’est plus très loin ».
Les États-Unis ont mis fin au rêve d’adhésion pleine et entière de la Palestine à l’ONU en opposant leur veto à une résolution au Conseil de sécurité. La résolution algérienne recommandant l’adhésion de la Palestine a obtenu 12 voix pour, 1 contre et 2 abstentions (le Royaume-Uni et la Suisse).
La Suisse s’est abstenue, ce qui a suscité des interrogations. Le président du GIPRI, Gabriel GALICE, a évoqué un paradoxe, soulignant les pressions politiques et financières américaines sur la Suisse ainsi que des questions internes à son neutre politique. « La Suisse ne cesse de piétiner sa neutralité depuis les années nonantes. Mélange de pressions politiques et financières des USA contre ses banques, de dégradation de sa classe politique (comme ailleurs), de paresse ambiante dans la bouillie médiatique. Attendons le résultat de la future consultation populaire sur la Neutralité. », explique Gabriel GALICE.
La Grande-Bretagne, quant à elle, a bloqué la résolution, ce qui a été perçu ironiquement compte tenu de son implication historique dans la question palestinienne.
La France, membre permanent du Conseil de sécurité de l’ONU, a voté en faveur de la résolution et a remercié publiquement l’Algérie pour son initiative.
L’administration Biden s’est retrouvée isolée sur la question, avec le rejet de sa position par la majorité de la communauté internationale. Seul l’ambassadeur adjoint américain a levé la main contre la résolution. Signe de l’isolement de Washington sur la question au sein de la communauté internationale.
Certains pays ont déjà reconnu l’État palestinien, tandis que d’autres, bien que votant pour la résolution, n’ont pas encore accordé leur reconnaissance. L’Algérie, La Sierra Leone, la Russie, le Mozambique, Malte, le Guyana, l’Équateur et la Chine ont également voté en faveur de la résolution. Ils reconnaissent déjà l’État palestinien contrairement au Japon, la Corée du Sud et la Slovénie qui ont voté pour la résolution mais qui n’ont pas encore reconnu l’État palestinien.
Les Palestiniens ont dénoncé le veto américain, le qualifiant de manœuvre agressive et affirmant qu’il mettait la région au bord du gouffre. Malgré ce revers, l’ambassadeur palestinien à l’ONU, Riyad Mansour, a exprimé une détermination inébranlable, affirmant que l’État de Palestine est inévitable.
Plus tard, La maison blanche a tenté de justifier son vote en soulignant que l’adhésion d’un État palestinien devrait résulter de négociations directes, mais cette argumentation a été critiquée à la lumière du précédent de l’adhésion d’Israël à l’ONU en 1949, qui n’a pas suivi le même processus.