Les enjeux de la résolution du Parlement européen sur le Conflit Israélo-palestinien
Un projet de résolution, initié par l’eurodéputée française Salima YENBOU, appelant à un cessez-le-feu inconditionnel, immédiat et permanent, a été soumis au Parlement européen et a reçu l’approbation de tous les eurodéputés centristes et de gauche. Cependant, lors du vote en plénière, la droite et l’extrême droite ont opposé une résistance à cette résolution et ont exigé l’ajout de deux préalables : la libération des otages israéliens et le démantèlement du mouvement Hamas. Finalement, une résolution conditionnelle a été adoptée à la majorité lors de la plénière qui s’est tenue jeudi 18 janvier 2024 au Parlement européen de Strasbourg. Cependant, la société civile palestinienne et internationale réclame un cessez-le-feu urgent et sans conditions depuis le début du conflit.
Plusieurs organisations des droits de l’homme ont critiqué le fait que le Parlement européen n’ait pas appelé à un cessez-le-feu immédiat. Cette conditionnalité est intervenue alors que 85 % de la population de Gaza ont été déplacés de force, des preuves de crimes de guerre ont été relevées, et un procès est en cours devant la Cour internationale de Justice, accusant Israël de génocide contre la population de Gaza.
Malgré la gravité de la situation, l’UE n’a pas réussi à obtenir un cessez-le-feu immédiat, permanent et inconditionnel. Pour beaucoup d’observateurs , associer le cessez-le-feu au démantèlement du Hamas revient à autoriser implicitement la guerre en cours. Bien que les autorités israéliennes prétendent viser l’élimination totale du Hamas, le prolongement du conflit à Gaza prouve le contraire. Selon certains experts des droits de l’homme, cette conditionnalité semble légitimer les actions d’Israël et leur violence continue contre Gaza, entraînant la mort de centaines de civils chaque jour. L’intention réelle du gouvernement israélien a également été remise en question lors d’un procès devant la Cour internationale de Justice, où des allégations crédibles d’intention de commettre un génocide ont été soulevées. À titre d’exemple, un Gazaoui sur 20 a été tué, blessé ou porté disparu depuis le début des bombardements.
En outre, conditionner le cessez-le-feu à la libération des otages, même dans un cadre humanitaire, accroît le risque pour ces otages. En effet, depuis le début du conflit, l’armée israélienne a déjà tué trois otages en les identifiant à tort comme des menaces. D’autres otages auraient été tués lors de bombardements israéliens, ce qui ne peut être écarté compte tenu des nombreux bombardements de zones civiles depuis le début du conflit.
L’appel conditionnel du Parlement européen n’a pas réussi à résoudre le conflit dans toutes ses dimensions en tentant de libérer les otages par des moyens diplomatiques tout en garantissant la fin des pertes civiles et des attaques en cours contre Gaza. Face à des allégations crédibles de crimes de guerre, de déplacements forcés et de nettoyage ethnique, il est crucial que le Parlement européen appelle à un cessez-le-feu immédiat, permanent et inconditionnel, pour progresser vers une solution respectueuse des droits de l’homme dans la région.