L’Union Européenne suspend l’accord avec le Rwanda : Une percée historique pour les droits du peuple congolais

Invité de l’émission Le Vrai Dialogue https://www.youtube.com/watch?v=Qcti1x3Cpyo&t=466s consacrée exclusivement à la situation au Congo sur Atipik TV, Charles Goerens, eurodéputé luxembourgeois et membre de la délégation à l’Assemblée parlementaire Afrique-UE, avait promis sur antenne une déclaration forte lors des discussions sur la suspension de l’accord controversé entre l’Union Européenne et le Rwanda. Fidèle à ses engagements, il a voté pour la résolution exigeant l’arrêt immédiat de ce mémorandum d’entente (MOU). Ce jeudi 13 février, à Strasbourg, la majorité des eurodéputés ont soutenu cette suspension à une écrasante majorité : 443 voix pour, contre seulement quatre oppositions.
Cet accord, signé en février 2024, était vivement contesté par les autorités et citoyens congolais, qui dénonçaient l’implication de l’UE dans l’exploitation illégale des ressources naturelles congolaises par le Rwanda. La semaine dernière, Kinshasa avait officiellement réclamé son abrogation. Pour beaucoup, ce vote représente une première victoire majeure pour le peuple congolais après des années de lutte contre le pillage de ses richesses.
Charles Goerens a également proposé l’organisation d’un sommet en Afrique, voire en RDC, afin de clarifier les responsabilités et sanctionner les comportements illicites. Cependant, il rappelle que la suspension de l’accord ne suffit pas. Le défi à présent est d’utiliser cette résolution pour exercer une pression accrue sur la Commission européenne et les gouvernements nationaux, les appelant à ne plus être complices d’une guerre qui dure depuis près de trente ans.
Le rapport du groupe d’experts des Nations Unies est accablant, les rebelles du M23, soutenus par Kigali, génèrent près d’un milliard de dollars par mois en taxant l’extraction et le transport des minerais rares issus du territoire congolais, destinés à être exportés via le Rwanda.
La résolution adoptée par le Parlement européen demande la suspension immédiate de l’aide budgétaire directe au Rwanda tant que ce dernier ne remplira pas les conditions d’accès humanitaire et ne rompra pas ses liens avec le M23 et le gel de l’aide militaire et sécuritaire aux forces armées rwandaises. Des sanctions ciblées contre des personnalités militaires rwandaises sont également en préparation, bien que leurs noms ne soient pas encore dévoilés.
Le ministre belge des Affaires étrangères, Maxime Prévôt, a emboîté le pas au Parlement européen en exigeant des sanctions immédiates contre le Rwanda. Ce tournant marque un signal fort : l’Europe refuse désormais de rester complice d’un conflit meurtrier et d’une exploitation massive des ressources congolaises, le chemin reste encore long, et ce vote est une avancée historique, une opportunité pour les gouvernements européens de prendre des mesures fermes et enfin soutenir durablement la paix et la justice dans la région des Grands Lacs.