Rentrée étudiante : l’enseignement supérieur belge entre progression et défis persistants

Ce lundi marque la rentrée pour près de 450.000 étudiants en Belgique. Un chiffre qui illustre l’importance croissante accordée à l’enseignement supérieur : plus d’un Belge sur deux âgé de 25 à 34 ans (51%) détient un diplôme supérieur, un taux en hausse de 4 points depuis 2019, et au-dessus de la moyenne de l’OCDE (48%).
Un bilan en demi-teinte ressort du rapport annuel Éducation à la loupe de l’OCDE, qui analyse les systèmes éducatifs de ses 38 pays membres. Si la Belgique affiche de bons résultats en termes de diplomation, la lenteur des parcours, les inégalités sociales et la pression sur le corps enseignant posent question.
Diplômes : un parcours plus long qu’ailleurs
En Belgique, seuls 23% des étudiants francophones et 32,6% des Flamands obtiennent leur bachelier en trois ans, contre 43% en moyenne dans l’OCDE. Si l’on ajoute une quatrième année, les taux d’achèvement grimpent (39% en FWB, 54% en Flandre), mais restent bas au regard des standards européens. Contrairement aux idées reçues, les années sabbatiques sont rares (15% en FWB, 9% en Flandre), ce qui n’explique donc pas ce retard.
Quelles filières attirent le plus ?
Les étudiants belges se tournent en majorité vers le commerce, l’administration et le droit (22%), suivis des arts et lettres, sciences sociales, journalisme et information (19%) et des STEM (sciences, technologie, ingénierie, mathématiques) à 17%. Un profil assez proche de celui observé dans le reste de l’OCDE.
Diplôme en main, emploi en vue ?
Le niveau de diplôme reste un bouclier contre le chômage. En Belgique, 17,4% des jeunes sans diplôme du secondaire supérieur sont au chômage, contre 4,2% chez les diplômés du supérieur. Cependant, le rendement salarial d’un diplôme reste plus modeste qu’ailleurs : un diplômé de master gagne 53% de plus qu’un titulaire du CESS, contre 340% au Chili.
L’ombre de la reproduction sociale
Le rapport met en lumière un phénomène persistant : l’ascenseur social reste en panne pour beaucoup. En Flandre, 76% des jeunes dont au moins un parent est diplômé du supérieur obtiennent eux aussi un diplôme, contre seulement 35% chez ceux dont les parents n’ont pas terminé le secondaire. Un écart de 41 points, légèrement inférieur à la moyenne OCDE (44).
Enseignants sous pression
Autre défi : la stabilité du personnel enseignant. En Flandre, 6,3% des enseignants démissionnent chaque année, et 2% partent à la retraite. En Fédération Wallonie-Bruxelles, les taux sont plus bas (1,6% de démissions, 3,2% de retraites), mais restent supérieurs à la majorité des pays de l’OCDE.
Pourquoi ces départs ? En cause notamment, un manque d’attractivité salariale : le salaire des enseignants du primaire est 22% (FWB) et 18% (Flandre) inférieur à celui des diplômés de l’enseignement supérieur à temps plein. Et dans un contexte où 80% du budget éducatif en FWB est absorbé par les salaires, les marges de manœuvre sont étroites.
Si la Belgique peut se féliciter de compter une majorité de jeunes adultes diplômés de l’enseignement supérieur, les défis restent nombreux : lenteur des parcours, inégalités sociales persistantes, tension sur les enseignants. Autant d’enjeux à adresser pour garantir un système éducatif plus équitable et efficace, comme le préconise l’OCDE.
Source : rapport OCDE “Éducation à la loupe 2023”