Strasbourg sous tension : l’affaire Boualem Sansal enflamme le Parlement européen
Le Parlement européen débat aujourd’hui, mercredi 22 janvier, et demain, jeudi 23 janvier, du cas controversé de Boualem Sansal. Mais derrière cette séance plénière, les accusations de manipulation et d’ingérence fusent.
À la demande de sept eurodéputés du groupe des Verts, un débat sur les violations des droits de l’homme, de la démocratie et de l’État de droit en Algérie a été inscrit à l’ordre du jour, conformément à l’article 150 du règlement intérieur du Parlement européen. Cette initiative vise particulièrement les propos de Boualem Sansal, un écrivain algérien dont les déclarations et prises de position sont vivement critiquées dans son pays d’origine.
Cependant, les faux-vrais initiateurs de cette démarche, soulèvent une vive polémique. Aucun des eurodéputés concernés n’est francophone, ni membre, même suppléant, de la délégation en charge des relations avec les pays du Maghreb. Pire encore, selon certains observateurs, aucun d’entre eux n’a jamais mis les pieds en Algérie, ni lu les « œuvres » de Sansal, ni suivi ses interventions médiatiques en France.
Les noms de ces eurodéputés ayant appuyé la demande d’inscription – Leoluca Orlando, Italien, Hannah Neumann, Allemande, Catarina Vieira, Hollandaise, Maria Ohisalo, Finlandaise, Vicent Marzà, Espagnole, Nicolae Ştefănuță, Finlandais et Ville Niinistö, Roumaine– témoignent d’une diversité géographique certes, mais leur méconnaissance présumée du dossier suscite des interrogations sur les motivations réelles de cette démarche.
Des figures controversées derrière l’initiative
Parmi les vrais principaux instigateurs, restés dans l’ombre, Mounir Satouri, eurodéputé du groupe des Verts et président de la Sous-commission des droits de l’homme, est accusé par ses détracteurs d’être plus loyal au Maroc qu’à la France, son pays d’adoption. Sarah Knafo, élue via le parti Reconquête d’Éric Zemmour et connue comme sa femme, est également pointée du doigt. D’origine marocaine, elle est qualifiée par certains d’extrémiste pour ses critiques virulentes à l’égard de l’Algérie. Enfin, Marion Maréchal, eurodéputée du Rassemblement National et petite-fille de Jean-Marie Le Pen, est accusée de prolonger une tradition familiale teintée d’héritages polémiques liés à la guerre d’Algérie.
Une décision jugée immature
Pour de nombreux observateurs, le Parlement européen a fait preuve d’un manque de discernement en acceptant ce débat. Bien que les résolutions du Parlement soient non contraignantes, leur portée symbolique peut être perçue comme une provocation.
L’Algérie, qualifiée de partenaire énergétique stratégique pour l’Europe, notamment pour l’Italie et l’Espagne, est un acteur clé dans le contexte géopolitique actuel, marqué par l’embargo sur le gaz russe. Cette réalité renforce les critiques sur l’opportunité et la pertinence de ce débat, vu comme un risque inutile pour les relations euro-algériennes.
Une diplomatie algérienne en alerte
En réponse, la délégation algérienne conduite par l’ambassadeur Mohamed Amine Bencharif sera présente à Strasbourg. Une présence stratégique qui vise à défendre la souveraineté algérienne et à répondre aux accusations portées lors de ces échanges parlementaires.
Alors que les débats s’ouvrent, l’affaire Sansal met en lumière les tensions entre un Parlement européen parfois perçu comme influencé et l’Algérie, un partenaire stratégique incontournable de l’Union européenne. Pourtant, malgré cette polémique orchestrée par une minorité, vouée à être rapidement éclipsée, il est essentiel de souligner la solidité des relations entre l’UE et l’Algérie. Ensemble, ils développent des projets ambitieux, notamment dans les domaines des énergies renouvelables et des nouvelles technologies, suscitant admiration et convoitise. Par ailleurs, l’Algérie a légitimement souhaité rééquilibrer l’accord d’association euro-méditerranéen pour qu’il devienne véritablement “gagnant-gagnant”. L’Union européenne, consciente du rôle central que joue l’Algérie entre les deux rives de la Méditerranée, continue de valoriser ce partenariat stratégique et prometteur.