Un Président Fort pour une Algérie Forte : Réformes, Défis et Perspectives

Abdelmadjid Tebboune a été réélu président de la république algérienne lors des élections du 7 septembre 2024, avec un score de 84,3 % des suffrages. Ce second mandat lui a été accordé dans un contexte où plusieurs défis nationaux et internationaux doivent être relevés. Le premier mandat de Tebboune a été marqué par une série de réformes politiques et économiques, ainsi que par des projets de grande envergure visant à moderniser l’Algérie. Cependant, la situation reste complexe, et les attentes autour de son second mandat sont élevées.

Réalisations et projets du premier mandat (2019-2024)

1. Réformes politiques et institutionnelles :

Tebboune a mis en place une série de réformes politiques pour répondre aux revendications du mouvement Hirak. Parmi les initiatives phares figure l’adoption de la nouvelle Constitution en 2020, avec l’objectif de renforcer l’État de droit et de limiter les abus de pouvoir. La limitation du mandat présidentiel à deux termes et la séparation plus claire des pouvoirs sont deux des mesures importantes.

2. Diversification de l’économie :

L’un des piliers du premier mandat du président Tebboune a été la relance économique et la réduction de la dépendance de l’Algérie aux hydrocarbures. La crise du prix du pétrole en 2020 a montré la vulnérabilité de l’économie algérienne. Le gouvernement a lancé plusieurs projets pour diversifier l’économie en investissant dans l’agriculture, les énergies renouvelables, et les infrastructures. Par exemple, l’accent a été mis sur le développement des énergies solaires pour exploiter le potentiel du pays dans ce domaine, et l’agriculture a été identifiée comme un secteur stratégique pour atteindre l’autosuffisance alimentaire.

3. Lutte contre la corruption :

Un autre aspect clé de son premier mandat a été la lutte contre la corruption, une promesse forte faite lors de sa campagne de 2019. Plusieurs responsables politiques et hommes d’affaires de haut niveau ont été traduits en justice, dans ce que Tebboune a qualifié d’effort pour nettoyer le système politique et économique. Toutefois, des efforts doivent se poursuivent pour arriver à bout de cette pandémie dont les maîtres d’œuvre étaient l’ancien président Bouteflika, ses frères et leurs nervis.

4. Gestion de la pandémie de Covid-19 :

La gestion de la pandémie a été un test pour le gouvernement. Le président a mis en place des mesures sanitaires strictes, des confinements locaux, et des restrictions de voyage pour freiner la propagation du virus. Un effort important a également été consacré à la campagne de vaccination nationale. Malgré cela, la pandémie a révélé les faiblesses du système de santé algérien et a exacerbé certaines tensions sociales. Le président s’attaque également au manque de structures sanitaires

Défis du second mandat (2024-2029)

1. Renforcer les réformes politiques :

Malgré les réformes constitutionnelles de 2020, beaucoup de citoyens restent insatisfaits. L’un des principaux défis pour le président Tebboune lors de son second mandat sera de renforcer la démocratie, de garantir des élections libres et transparentes à tous les niveaux, et d’élargir les espaces de liberté d’expression. Le dialogue avec la société civile sera crucial pour restaurer la confiance entre le gouvernement et la population. Les prochaines élections législatives et municipales seront un ballon de test.

2. Réduire le chômage et stimuler l’économie :

La diversification de l’économie algérienne, bien que déjà amorcée, reste un chantier colossal. Le taux de chômage, en particulier chez les jeunes, demeure élevé. Le gouvernement devra intensifier ses efforts pour attirer les investissements étrangers, améliorer le climat des affaires, et créer de nouveaux emplois. Le développement des infrastructures et la modernisation des secteurs économiques non liés aux hydrocarbures seront des priorités, ainsi que la digitalisation de l’économie.

3. Médias et projet de Media City :

Le secteur des médias en Algérie reste l’un des plus faibles en Afrique du Nord et du Monde arabe, avec une infrastructure médiatique qui peine à rivaliser avec ses voisins. Tebboune a tenté de redresser la situation avec le lancement du projet Media City, un mégaprojet destiné à moderniser le paysage audiovisuel algérien et à en faire un hub régional. Cependant, des défis importants demeurent : les journalistes et techniciens manquent de formation et d’expérience, les écoles de journalisme ne sont pas toujours adaptées pour former des professionnels compétents, et le problème de la langue persiste.

L’audiovisuel algérien est presque exclusivement arabophone, mais la maîtrise de la langue arabe reste insuffisante comparativement à d’autres pays arabes, limitant ainsi l’impact des productions locales. En conséquence, le président Tebboune devra investir davantage dans ce secteur, en allouant un budget conséquent pour former les journalistes, améliorer les infrastructures, et renforcer la présence de l’Algérie sur la scène médiatique régionale et internationale

4. Sécuriser les ressources en eau :

L’Algérie fait face à une grave crise de l’eau, exacerbée par le changement climatique. Le président Tebboune devra multiplier les projets de gestion durable de l’eau, y compris des projets de dessalement et des mesures de conservation. Il s’agira également de rénover et moderniser les infrastructures existantes pour une distribution efficace, tant en milieu urbain que rural.

5. Politique étrangère et diplomatie régionale :

Sur la scène internationale, le président devra continuer à renforcer le rôle de l’Algérie en tant qu’acteur régional clé en Afrique du Nord et dans la région du Sahel. L’un des grands défis sera la gestion des relations tendues avec le Maroc, notamment sur la question du Sahara occidental. En outre, l’Algérie cherche à s’affirmer sur la scène internationale en maintenant une politique étrangère indépendante, diversifiant ses alliances stratégiques avec des partenaires tels que la Chine, la Russie et les États-Unis.

Abdelmadjid Tebboune, fort d’un second mandat en 2024 avec une large majorité, fait face à de nombreux défis tant sur le plan national qu’international. Ses priorités devront inclure l’approfondissement des réformes politiques, la diversification économique, la lutte contre le chômage et la crise de l’eau, tout en continuant à renforcer la position diplomatique de l’Algérie. Le secteur des médias, bien que négligé jusqu’ici, devra également être modernisé grâce à des investissements dans la formation, les infrastructures et une meilleure maîtrise des langues. Les attentes de la population restent réalistes, et sa capacité à répondre aux besoins du peuple déterminera le succès de ce second mandat.

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