Vers une nouvelle ère de coopération : la révision de l’accord d’association UE-Algérie
L’accord d’association entre l’Union européenne (UE) et l’Algérie, paraphé en décembre 2001 à Bruxelles en présence de Abdelaziz Bouteflika et entré en vigueur en septembre 2005, représente un tournant historique dans les relations entre les deux parties. Cependant, plus de deux décennies plus tard, cet accord fait l’objet d’une demande de réévaluation de la part de l’Algérie, présidée aujourd’hui par Abdelmadjid Tebboune, en raison d’un déséquilibre perçu dans ses retombées économiques. Retour sur les étapes clés, les acteurs impliqués, et les débats autour de cet accord stratégique.
Les origines d’un accord et les enjeux initiaux
C’est dans un contexte post-conflit, alors que l’Algérie émergeait d’une décennie noire marquée par une guerre contre le terrorisme qui a coûté la vie à plus de 250 000 personnes, que cet accord a été négocié. Sous la présidence de Abdelaziz Bouteflika, le gouvernement algérien cherchait à repositionner le pays sur la scène internationale.
Les négociations ont débuté, sous la supervision de figures clés comme Halim Benattallah pour la partie algérienne et Peter Zangl pour l’UE. Comme le souligne Lila Lefèvre, journaliste économique accréditée auprès de l’UE depuis plus de 30 ans, les discussions ont été marquées par un rythme soutenu : « Au départ, les rounds des négociations que j’ai couvert pour le compte de l’ENTV, étaient mensuels, mais elles sont rapidement devenues bimensuelles, voire hebdomadaires, y compris durant le Ramadan, où les membres de la délégation européenne ont jeûné par solidarité. » Cependant, le processus a été entravé par une organisation algérienne chaotique. Les représentants changeaient fréquemment, et les priorisations stratégiques semblaient manquer, Bouteflika ayant donné pour consigne d’aller vite, quitte à négliger certains intérêts.
Un accord déséquilibré et des critiques persistantes
L’accord, visant à créer une zone de libre-échange, prévoyait une libéralisation progressive des échanges de marchandises entre les deux parties. L’UE est depuis devenue le premier partenaire commercial de l’Algérie, représentant 46,7 % de son commerce international en 2019 (soit 24,9 milliards d’euros). Mais ces échanges restent dominés par les hydrocarbures, tandis que l’UE exporte principalement des machines, des produits chimiques et des matériaux agricoles. Cette asymétrie a suscité des critiques croissantes.
Sous la présidence de Tebboune, ces critiques ont pris une forme concrète. Le président algérien a fait valoir que l’accord avait largement bénéficié à l’UE, au détriment des secteurs productifs algériens. En conséquence, l’Algérie a officiellement demandé une révision, une requête qui, bien que tardive, a été acceptée par la Commission européenne.
Le rôle des influenceurs et les fakenews
Malheureusement, cette initiative de révision a été mal interprétée par certains influenceurs algériens sur les réseaux sociaux. Ignorants des subtilités des relations euro-méditerranéennes, ils propagent des informations erronées, parfois teintées d’une rhétorique populiste. Ces fakenews, souvent relayées en dialecte algérien, nuisent à une compréhension nuancée du sujet. Comme le rappelle Lila Lefèvre, « il est dangereux de laisser des questions aussi sensibles à des personnes sans expertise, au risque de polariser inutilement l’opinion publique. »
Une coopération solide malgré les défis
Malgré ces débats de bas étage, il est important de souligner la qualité des relations entre l’Algérie et l’UE. Les deux parties partagent des objectifs communs, notamment en matière de sécurité, d’énergie et de développement économique. La révision de l’accord d’association ne marque pas une rupture, mais plutôt une étape dans l’évolution de leur partenariat. Lila Lefèvre déclare : “Contrairement aux propos sans fondement tenus par les islamistes algériens du FIS réfugiés en Europe sur leur chaîne de télévision Al Magharabiya, je peux témoigner en ma qualité de journaliste accréditée auprès de l’UE à Bruxelles depuis 30 ans, de la haute qualité des relations entre l’UE et l’Algérie.”
Un avenir à construire ensemble
Alors que les discussions se poursuivent, l’enjeu principal reste d’adapter l’accord aux nouvelles réalités économiques. Pour l’Algérie, il s’agit de protéger ses secteurs stratégiques tout en diversifiant son économie. Pour l’UE, c’est l’occasion de renforcer un partenariat avec un acteur clé de la région.
En dépit des critiques et des fakenews, le dialogue constructif entre les deux parties montre qu’une nouvelle ère de coopération est possible, fondée sur le respect mutuel et la recherche de solutions équilibrées. Ce processus est une illustration claire de la volonté partagée de bâtir un avenir commun solide et durable. Lila Lefèvre conclut : « Comme il y a 24 ans, je suivrai les discussions pour la réévaluation des accords UE-Algérie à Bruxelles, round après round, afin de contrer les fake news et de montrer la réalité telle qu’elle est. »