Violences faites aux femmes : un fléau mondial qui frappe durement les plus vulnérables

Les violences faites aux femmes constituent l’une des violations des droits humains les plus répandues dans le monde. Selon les Nations Unies, en 2023, 51 100 femmes et filles ont été tuées par un conjoint ou un membre de leur famille. En Europe, sept femmes meurent chaque jour sous les coups d’un proche. Malgré les engagements internationaux et les dispositifs de protection, ces violences persistent et touchent particulièrement les populations les plus vulnérables : les femmes précaires et migrantes.

L’Europe face aux violences de genre

L’Union européenne a adopté en mai 2024 sa première directive contre les violences faites aux femmes, reconnaissant comme infractions pénales les mutilations génitales féminines, les mariages forcés ou encore la cyberviolence. Cependant, l’UE peine à imposer des mesures contraignantes uniformes, et les disparités entre États membres restent fortes. Certaines législations nationales offrent une protection efficace, tandis que d’autres accusent des retards préoccupants.

En France, où cette cause a été déclarée « Grande Cause Nationale », 271 000 victimes de violences conjugales ont été recensées en 2023, soit une hausse de 10 % par rapport à l’année précédente.

Femmes précaires et migrantes : les oubliées de la lutte contre les violences

Les femmes en situation de précarité et les migrantes sont les premières victimes de ces violences, mais aussi les plus mal protégées. L’absence de ressources financières, le manque d’accès aux services sociaux et la peur des représailles les empêchent souvent de fuir leur agresseur ou de porter plainte.

1. Une vulnérabilité accrue face aux violences

Les femmes en situation de précarité, notamment celles sans domicile fixe ou en situation d’emploi précaire, sont plus exposées aux violences conjugales, aux agressions sexuelles et au trafic d’êtres humains. Les logements d’urgence sont souvent saturés, et l’insécurité économique les pousse à rester dans des environnements dangereux par manque d’alternatives.

2. Les obstacles spécifiques aux femmes migrantes

Les femmes migrantes, en situation régulière ou non, cumulent plusieurs facteurs de vulnérabilité : barrière de la langue, isolement social, dépendance économique vis-à-vis du conjoint, et peur de l’expulsion. Dans certains pays, le dépôt d’une plainte pour violences conjugales peut même remettre en cause leur titre de séjour, les plaçant devant un dilemme impossible : choisir entre la sécurité et la stabilité administrative.

Des situations spécifiques selon les pays

En Belgique

Bien que la Belgique ait mis en place plusieurs initiatives pour lutter contre les violences faites aux femmes, notamment via son Plan d’action national 2021-2025, les associations dénoncent un manque de moyens pour accompagner efficacement les victimes. Les femmes migrantes en situation irrégulière restent particulièrement vulnérables, car elles hésitent souvent à signaler les violences de peur d’être expulsées.

Au Maroc

Le Maroc a adopté en 2018 une loi criminalisant les violences faites aux femmes, mais son application reste limitée. Les traditions et les pressions familiales empêchent encore de nombreuses victimes de porter plainte. Les mariages forcés et les violences domestiques sont encore répandus, particulièrement en milieu rural, où les femmes ont peu d’accès à la justice et aux services de soutien.

En Inde

L’Inde enregistre un des taux les plus élevés de violences conjugales au monde. Selon un rapport du gouvernement indien, près de 30 % des femmes ont subi des violences domestiques. Les traditions patriarcales et la dot sont des facteurs aggravants, et la justice peine à faire appliquer les lois existantes. Les crimes d’honneur et les agressions sexuelles restent préoccupants, et les femmes issues des castes inférieures ou des communautés rurales sont encore plus vulnérables.

En Algérie

En Algérie, bien que des lois aient été adoptées contre les violences conjugales, les traditions patriarcales et la pression sociale dissuadent de nombreuses femmes de porter plainte. Le manque de structures d’accueil et l’influence des normes religieuses et culturelles freinent la reconnaissance des droits des femmes.

Aux États-Unis

Les États-Unis disposent de lois strictes contre les violences domestiques, mais l’accès à la protection varie fortement d’un État à l’autre. Les femmes précaires et migrantes, notamment sans papiers, craignent souvent de se tourner vers la justice par peur d’être expulsées. De plus, le port d’armes accentue la dangerosité des violences conjugales.

En Chine

En Chine, les violences conjugales restent un sujet tabou, malgré une loi adoptée en 2016 pour les criminaliser. La pression sociale et la censure rendent difficile l’accès aux protections légales, et les femmes précaires en milieu rural sont particulièrement exposées à ces violences.

En Israël

Israël fait face à une augmentation des féminicides ces dernières années. Malgré des réformes légales, les inégalités persistent, notamment pour les femmes issues des communautés arabes et ultra-orthodoxes, qui rencontrent plus de difficultés à accéder aux services de protection.

Des dispositifs insuffisants

Si l’Europe dispose de cadres juridiques pour lutter contre les violences faites aux femmes, ces dispositifs restent souvent inaccessibles aux plus vulnérables. Les associations jouent un rôle crucial, mais elles manquent cruellement de financements et de moyens pour répondre à l’urgence. Le manque de formations spécifiques pour les forces de l’ordre et les professionnels de santé aggrave encore cette situation.

Quelles solutions pour protéger toutes les femmes ?

Pour garantir une protection efficace, les experts recommandent plusieurs mesures :

  • Faciliter l’accès aux refuges et aux aides sociales pour les femmes précaires et migrantes, sans condition de ressources ou de statut administratif.
  • Former les forces de l’ordre et les professionnels à mieux identifier et accompagner ces victimes spécifiques.
  • Mettre en place des dispositifs de protection indépendants du statut migratoire, afin que porter plainte ne mette pas en péril le droit au séjour.
  • Renforcer la coopération européenne pour harmoniser les dispositifs et lutter contre l’impunité des agresseurs.

Si les violences faites aux femmes sont une tragédie mondiale, les femmes précaires et migrantes en Europe en sont les victimes les plus invisibles. Tant que ces populations resteront en marge des dispositifs de protection, la lutte contre les violences restera incomplète. Il est urgent d’adopter des politiques plus inclusives et adaptées aux réalités des plus vulnérables, afin que chaque femme puisse vivre libre et en sécurité, quel que soit son statut ou sa situation économique.

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