Algérie : l’offensive islamiste contre la diversité nationale

Depuis plusieurs années, des figures médiatisées comme Naïma Salhi, Abderrazak Makri, Abdelkader Bengrina ou encore Lamine Belghit, portées à bout de bras par des chaînes privées telles qu’Echourouk, El Bilad ou Ennahar, mènent une entreprise de redéfinition identitaire en Algérie. Derrière leurs discours en apparence patriotiques se cache une volonté sourde mais implacable : imposer un islamisme politique d’inspiration frériste, hérité des mouvements comme le FIS dissous ou l’organisation terroriste Rachad, tous deux soutenus financièrement et idéologiquement par certaines monarchies du Golfe et façonnés dans la Turquie d’Erdogan.
Une entreprise d’éradication culturelle
Au nom d’une lecture rigoriste de l’islam et d’un nationalisme teinté d’arabisme, ces courants cherchent à éradiquer deux piliers fondamentaux de l’identité algérienne : la langue française, pourtant qualifiée de « butin de guerre » par l’écrivain iconique Kateb Yacine, et l’amazighité, matrice millénaire de la nation algérienne. À leurs yeux, l’Algérie n’a pas d’histoire avant Ben Badis et la Révolution de 1954. Une lecture dangereusement réductrice, historiquement fausse, et politiquement destructrice.
Une infiltration à tous les niveaux
Ces idéologues ont su infiltrer toutes les strates de l’État, y compris l’institution militaire, les hautes écoles comme l’ENA, et les facultés de droit. Partout où ils s’implantent, la langue française recule, le débat critique s’efface, et le niveau général s’effondre. Leur influence n’est pas marginale : elle est systémique, cultivée et parfois protégée par des relais politiques et médiatiques.
Naïma Salhi : le symbole du double discours
Sur les réseaux sociaux, Naïma Salhi, aujourd’hui poursuivie pour incitation à la haine raciale, appel au meurtre et atteinte à l’unité nationale, incarne la contradiction flagrante d’un discours prétendument moral mais profondément discriminatoire. Elle prône la polygamie pour les autres, mais l’exclut de son propre foyer. Elle insulte les Amazighs, les francophones, et toutes les expressions d’une Algérie plurielle.
Une dérive dangereuse pour l’unité nationale
La montée de cette mouvance fait craindre un retour des ténèbres. Car derrière leurs costumes modernes et leur présence sur les plateaux télé, les islamistes actuels sont les héritiers directs de ceux qui ont ensanglanté l’Algérie pendant la décennie noire. Près de 200 000 morts. Une société traumatisée. Leur vision d’une Algérie homogène, arabisée de force et soumise à une lecture univoque de l’islam, est l’antithèse d’un État civil, neutre et inclusif, où chaque citoyen aurait sa place.
Mohamed Méziane : la cible d’une offensive politique
Ceux qui osent dénoncer cette dérive sont systématiquement attaqués. Le nouveau ministre de la Communication, Mohamed Méziane, n’y a pas échappé. En tentant simplement de remettre les pendules à l’heure, il a été violemment pris à partie par les relais islamistes, y compris dans l’hémicycle du Parlement. Certains députés se sont même permis de critiquer la télévision publique pour avoir remis en question Lamine Belghit, enseignant d’histoire promu au rang de prédicateur médiatique à l’international où il renie en bloc l’existence même de la langue et la culture amazighs.
Pourtant, Méziane est loin d’être un inconnu ou un improvisé. Homme intègre et érudit, quadrilingue, il obtient son baccalauréat à Alger en 1980, une licence en histoire en 1984, puis un magistère en journalisme en 1995. Il devient docteur en sciences de l’information et de la communication en 2001 à l’Université d’Alger, après une formation spécialisée en économie internationale à l’Université d’Orléans en 2000. Dès sa nomination, il a promis de moderniser le paysage médiatique national pour le mettre au diapason de la place et des ambitions de l’Algérie sur la scène internationale, tout en défendant ses valeurs culturelles profondes.
Une urgence de conscience nationale
En Algérie, deux mots suffisent à manipuler les foules : arabité et islamité. Les islamistes les brandissent comme des dogmes sacrés, inattaquables, pour exclure, diviser, dominer. Mais l’Algérie ne se résume pas à une seule langue, ni à une seule interprétation de la foi. Elle est amazighe, africaine, méditerranéenne, plurilingue, et profondément diverse. Elle est un carrefour de civilisations, pas un monolithe idéologique.
L’Algérie mérite mieux. Elle mérite sa vérité historique, sa richesse culturelle, une paix durable, et une citoyenneté partagée. C’est cette Algérie qu’il faut défendre. Sans compromission. Sans peur. Avec lucidité et courage.