Algérie–UE : l’Italie, médiateur possible face à une crise annoncée? 

Tandis que le président Abdelmadjid Tebboune est en visite officielle à Rome, une question stratégique domine les coulisses diplomatiques : comment l’Algérie peut-elle désamorcer la procédure d’arbitrage déclenchée par la Commission européenne à son encontre, tout en rouvrant le dialogue sur un accord d’association qu’elle juge déséquilibré ?

Depuis le 16 juillet, l’UE accuse l’Algérie d’avoir instauré des restrictions commerciales contraires à l’accord de 2005. Ce recours à l’arbitrage, lancé après l’échec de consultations informelles, est perçu à Alger comme un geste hostile, alors même que le pays demande depuis 2020 une révision « clause par clause » du texte, restée sans suite concrète.

Dans cette impasse, l’Italie apparaît comme un partenaire stratégique. Premier partenaire commercial de l’Algérie dans l’Union, Rome entretient une relation bilatérale stable, fondée sur l’énergie, les infrastructures et un respect mutuel renforcé par le « Plan Mattei ». Membre fondateur de l’UE, elle peut jouer un rôle de pont diplomatique, en plaidant notamment pour la convocation du Conseil d’Association, mécanisme prévu par l’accord pour résoudre les différends.

Mais l’Algérie ne mise pas uniquement sur Rome. L’Allemagne, attentive à la stabilité énergétique et géopolitique du sud de la Méditerranée, pourrait aussi encourager une désescalade. La Pologne, enfin, reste un partenaire discret mais historique, avec lequel l’Algérie a su préserver une amitié née à l’époque post-coloniale. Ces deux puissances, aux côtés de l’Italie, offrent à Alger des leviers de poids au sein de l’Union.

La Belgique s’ajoute à ce cercle de partenaires potentiels. Pays à la fois ami et partenaire, elle a récemment réaffirmé sa volonté de renforcer les liens bilatéraux avec Alger. La visite officielle du ministre belge des Affaires étrangères, Maxime Prévot, en Algérie, a permis de consolider un dialogue politique constructif, autour de la coopération économique, énergétique et sécuritaire. Bruxelles, siège des institutions européennes, peut également jouer un rôle discret mais décisif dans l’ouverture d’un canal diplomatique plus apaisé.

En toile de fond, Alger soupçonne la France d’avoir poussé à l’arbitrage pour des raisons politiques, sur fond de tensions bilatérales persistantes autour des mémoires coloniales, du Sahara occidental et de la montée de l’extrême droite en France.

La procédure d’arbitrage n’est pas irréversible. Tant qu’aucune décision finale n’est rendue, un compromis politique peut encore être trouvé. Dans ce contexte, la visite à Rome pourrait marquer le début d’une nouvelle phase de dialogue entre l’Algérie et ses partenaires européens — sur de nouvelles bases, plus équitables et respectueuses des intérêts de chacun.

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