L’adhésion de l’Algérie aux BRICS : Il ne faut jamais dire jamais ?
L’Algérie a pris la décision de ne pas soumettre une nouvelle demande d’adhésion au bloc des BRICS après le rejet de sa candidature en 2023, et ce choix reflète une stratégie plus large d’adaptation à un environnement géopolitique en mutation.
La décision de l’Algérie de « tourner définitivement la page » sur une éventuelle adhésion aux BRICS pour l’instant semble être une reconnaissance réaliste de ses priorités économiques et de son positionnement géopolitique actuel. En choisissant de rejoindre la Banque des BRICS, elle adopte une approche pragmatique : tirer parti des avantages financiers et des relations économiques avec les puissances émergentes tout en préservant sa souveraineté diplomatique et sa flexibilité dans le jeu international. C’est une stratégie qui lui permet de s’ajuster aux réalités du moment, tout en restant ouverte aux opportunités futures.
Contexte de la demande d’adhésion rejetée
L’Algérie avait soumis sa candidature pour rejoindre les BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud), un groupe qui représente des économies émergentes majeures. L’objectif de l’Algérie était de renforcer son positionnement économique et géopolitique, tout en diversifiant ses partenariats internationaux au-delà de ses relations historiques avec l’Europe et les pays arabes. Cependant, sa demande a été rejetée en 2023. Les raisons précises de ce refus ne sont pas claires, mais elles pourraient inclure :
Critères économiques : Le groupe pourrait estimer que l’économie algérienne n’atteint pas encore le niveau requis, notamment en termes de diversification et de dynamisme.
Concurrence régionale : D’autres pays africains comme l’Égypte ont peut-être été jugés plus prêts ou plus stratégiquement importants à court terme.
Pourquoi l’Algérie a-t-elle décidé de ne pas retenter l’adhésion au sommet d’octobre 2024 ?
Plusieurs facteurs peuvent expliquer pourquoi l’Algérie n’a pas soumis une nouvelle demande lors du sommet d’octobre 2024 à Kazan :
Refocalisation stratégique : L’Algérie semble avoir réévalué ses priorités géopolitiques et préfère consolider ses partenariats bilatéraux avec les membres du groupe des BRICS, plutôt que de chercher à intégrer le bloc à tout prix. La participation à des projets spécifiques (comme la Banque des BRICS) pourrait être jugée plus rentable et immédiate.
Éviter un nouveau rejet : Après le premier refus, un second rejet pourrait être perçu comme un coup dur pour son image internationale. Ne pas tenter une nouvelle candidature évite le risque d’un nouvel échec qui pourrait affaiblir sa stature diplomatique.
Contexte interne et priorités économiques : L’Algérie fait face à des défis économiques internes importants, comme la nécessité de diversifier son économie, encore très dépendante des hydrocarbures. Il est possible que le gouvernement préfère d’abord stabiliser et renforcer l’économie nationale avant de s’engager davantage dans des engagements internationaux plus complexes.
Rejoindre la Banque des BRICS, un choix malin ?
L’Algérie a pris une décision pragmatique en devenant membre de la Banque de développement des BRICS, même si elle ne fait pas partie du bloc. Cette décision peut être analysée sous plusieurs angles :
Accès au financement : La Banque des BRICS, créée en 2014, vise à offrir des financements alternatifs aux pays en développement, en particulier pour les projets d’infrastructure. Cela permet à l’Algérie d’accéder à des ressources financières importantes sans les conditions souvent imposées par les institutions traditionnelles comme le FMI ou la Banque mondiale.
Renforcement de partenariats économiques : En rejoignant la Banque, l’Algérie peut tisser des liens économiques plus forts avec les pays membres des BRICS, notamment la Chine et la Russie, sans les engagements politiques lourds qu’implique une adhésion pleine et entière au bloc.
Stratégie de diversification : La participation à cette institution financière est aussi une manière de diversifier les sources de financement pour ses projets de développement, notamment en matière d’infrastructures, tout en réduisant sa dépendance à l’égard des créanciers occidentaux.
Analyse des décisions algériennes
Dans l’ensemble, la décision de l’Algérie de ne pas poursuivre son adhésion aux BRICS tout en rejoignant la Banque de développement des BRICS peut être considérée comme une démarche réfléchie et pragmatique :
Équilibre entre indépendance et intégration régionale :
L’Algérie cherche à maintenir une indépendance stratégique tout en construisant des ponts avec des puissances non occidentales. Rejoindre la Banque permet de bénéficier de la dynamique économique des BRICS sans pour autant être contraint par les éventuelles exigences politiques ou économiques d’une adhésion complète.
Renforcement des liens bilatéraux :
L’Algérie conserve d’excellentes relations bilatérales avec certains pays membres des BRICS, en particulier la Russie et la Chine. En renforçant ces relations par le biais de la Banque et d’autres institutions, elle peut maximiser les avantages économiques et diplomatiques, tout en évitant les contraintes d’une adhésion formelle au bloc.