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Les Manœuvres ambiguës du Maroc au Sahel

Atipik TV

L’expansion diplomatique de la monarchie marocaine soulève des interrogations légitimes, suscitant des préoccupations quant à ses véritables intentions. Sous les conseils de partenaires avec lesquels des accords d’Abraham ont été conclus, le Roi Mohammed VI semble aspirer à une prédominance africaine, tout en semant la discorde entre l’Algérie et ses voisins, tels que le Mali, le Niger et le Burkina Faso.

Avec une frontière commune de 1300 km, l’Algérie considère la souveraineté du Mali comme sacrée. Toute instabilité au Mali aurait inévitablement des répercussions sécuritaires directes en Algérie. Les Maliens avaient choisi Alger comme lieu de négociation pour l’Accord d’Alger entre les autorités maliennes et les rebelles Touaregs, ces derniers ayant en partie intégré l’armée du pays.

Le Mali dépend étroitement de l’Algérie pour sa sécurité alimentaire, l’eau, le lait et les vivres étant assurés par ce voisin. Les aides de l’Algérie sont cruciales pour le Mali, et le Maroc ne peut prétendre les remplacer. Alors que le Maroc est au bord d’une implosion populaire, avec une économie en récession totale, les promesses faites par le Monarque marocain semblent irréalisables.

Le Maroc offre au Mali, au Burkina Faso et au Niger, trois pays enclavés, l’accès à l’océan Atlantique et aux marchés internationaux, mais cette proposition est perçue comme un cadeau empoisonné. On peut se demander si Rabat cherche à profiter de la situation au Sahel pour accroître son influence dans la région, notamment alors que l’Algérie rencontre des difficultés avec le Mali.

Bien que l’initiative en soit à ses débuts, les ministres des quatre pays (Maroc, Mali, Niger et Burkina Faso) ont convenu de former une Alliance. Les Algériens affirment que leur pays, ayant parrainé l’accord de paix de 2015 entre les Touaregs armés et le gouvernement de Bamako, n’interviendra que sur demande des parties et uniquement en cas de troubles à sa frontière sud.

De plus, l’Algérie n’a aucun intérêt à soutenir une rébellion touarègue qui pourrait se retourner contre elle. Les institutions européennes, notamment le Parlement européen, tiennent régulièrement des réunions avec des représentants azawadiens et touaregs de la région du Sahel, y compris des Touaregs algériens.

Selon Lila Lefevre, spécialiste des questions euro-méditerranéennes, le Parlement européen a récemment accueilli des experts européens et internationaux pour discuter de la question des tribus touaregs, qui vivent dans cinq pays africains. Cette approche fait partie de la stratégie cohérente de l’Union européenne pour le Sahel.

« La région du Sahel constitue la frontière géopolitique méridionale de l’Europe. L’instabilité dans cette région pourrait se propager aux pays voisins de l’Europe et à son propre territoire. La question se pose alors de savoir si la « stratégie de l’Union européenne pour la sécurité et le développement au Sahel », adoptée en 2011, est cohérente ou pas avec l’initiative du Maroc. » ajoute Lila LEFEVRE.

« Il est légitime de se demander si le manque de volonté de collaboration avec l’Algérie et le refus d’intégrer l’aide militaire dans les instruments de l’Union européenne ont conduit à renforcer le Maroc en tant que nouveau pays proxy dans la région du Sahel. Cette situation mérite une attention particulière dans les développements futurs. » conclue la spécialiste.

Pour rappel, les cinq pays africains où vivent les tribus Touaregs sont : le Mali, le Niger, l’Algérie, la Libye et le Burkina Faso.

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