Boualem Sansal et la polémique : révisionnisme, critiques et enjeux géopolitiques au cœur d’une émission de Canal Algérie

Ce vendredi soir, l’émission Visions présentée par Nabila Hocine, diffusée sur la chaîne publique Canal Algérie, a consacré son édition à l’arrestation de l’écrivain Boualem Sansal à l’aéroport d’Alger. La discussion a soulevé une question centrale : cet écrivain controversé serait-il devenu un instrument du révisionnisme et un alibi pour l’extrême droite française ?

Boualem Sansal, connu pour ses critiques acerbes envers l’Algérie, a été arrêté le 16 novembre à l’aéroport international d’Alger. Jusqu’ici, il avait toujours circulé librement dans le pays, ce qui témoignait du fait que l’Algérie tolère la critique et respecte la liberté d’expression. Mais cette fois, Sansal a été interpellé pour « atteinte à l’intégrité territoriale de l’Algérie ».

La controverse est née de ses propos, selon lesquels des villes de l’Ouest algérien, notamment Oran et Tlemcen, appartiendraient au Maroc. Ces affirmations, en contradiction flagrante avec les frontières internationalement reconnues entre les deux pays, ont provoqué un tollé, d’autant plus qu’elles touchent une question sensible pour l’Algérie : son intégrité territoriale.

Des invités de renom pour déconstruire les thèses révisionnistes

Cinq invités, tous spécialistes ou acteurs des questions politiques et médiatiques, ont débattu sur le plateau. Parmi eux figuraient Lila Lefèvre, journaliste belge accréditée auprès de l’UE et de l’OTAN, Ahmed Bensaada, auteur et analyste politique, Fayçal Métaoui, journaliste indépendant, Hacène Arab, historien et journaliste, et Kamel Mansouri, consultant officiel de Canal Algérie. Ensemble, ils ont analysé les propos de Sansal et les accusations portées contre lui.

Ahmed Bensaada : « Des écrivains comme Sansal, outils d’une guerre cognitive »

Pour Ahmed Bensaada, Boualem Sansal et Kamel Daoud, un autre écrivain algérien controversé, jouent un rôle clé dans ce qu’il appelle une « guerre cognitive ». Selon lui, ils servent d’outils à des agendas extérieurs visant à déstabiliser l’Algérie. Ces écrivains, invités sur des plateaux de médias français, sont souvent sommés de commenter la situation en Algérie plutôt que de se concentrer sur leurs œuvres littéraires. « Ils ne sont pas traités comme des écrivains, mais comme des informateurs indigènes », a-t-il affirmé.

Fayçal Métaoui : « L’Algérie en plein essor, loin des prophéties de déclin »

Fayçal Métaoui a critiqué les déclarations de Sansal, qui a qualifié l’Algérie de « pays détruit », et de Daoud, qui a parlé d’un pays « mort ». Contrairement à ces propos, Métaoui a insisté sur le fait que l’Algérie est en plein essor économique et technologique, diversifiant ses partenariats internationaux. Il a aussi rappelé que Sansal, comme Daoud, est souvent mobilisé pour évoquer la décennie noire en Algérie, tout en évitant de parler du passé colonial français.

Lila Lefèvre : « La France, davantage touchée par la censure que l’Algérie »

Pour Lila Lefèvre, l’idée d’une Algérie censurant les critiques est un mythe. Elle affirme que la censure est bien plus répandue en France, citant son expérience personnelle et les cas d’informations biaisées sur des sujets comme la guerre en Ukraine ou le génocide à Gaza. Elle a également critiqué des figures politiques françaises comme Édouard Philippe et des personnalités d’extrême droite, notamment Éric Zemmour et Sarah Knafo, accusées de nourrir une rhétorique anti-algérienne.

Kamel Mansouri : « Les provocations de Sansal, un outil de discorde »

Kamel Mansouri a dénoncé les propos de Boualem Sansal, les qualifiant de tentatives de semer la discorde entre Algériens et Marocains, tout en alimentant les discours extrémistes en France. Il a établi un parallèle avec une situation hypothétique où un Français vivant en Algérie remettrait en question l’appartenance de régions comme l’Alsace ou la Bretagne à la France. Pour Mansouri, ces provocations servent un « agenda désespéré » porté par des lobbies israéliens.

Hacène Arab : « La ligne rouge des frontières algériennes »

Hacène Arab a souligné que l’Algérie ne transige pas sur ses frontières historiques, qui remontent au temps de l’Émir Abdelkader. Il a dénoncé Sansal comme un révisionniste dont les œuvres tentent de dénaturer l’identité algérienne. Selon lui, les écrits de Sansal et Daoud manquent d’enracinement et véhiculent une vision réduite de l’Algérie.

Une émission riche en analyses

Cette émission de Canal Algérie a permis de décortiquer le rôle des figures intellectuelles dans les tensions géopolitiques et culturelles entre l’Algérie et ses détracteurs. Pour les invités, Boualem Sansal représente un cas emblématique de cette instrumentalisation. Entre révisionnisme, accusations d’atteinte à l’intégrité territoriale et débats sur la liberté d’expression, cette affaire reflète des enjeux bien plus larges.

Pour visionner l’intégralité de cette émission : cliquez ici.

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