France-Algérie : Dominique de Villepin plaide pour préserver une alliance historique et fraternelle
Depuis des années, les relations franco-algériennes ne cessent de se détériorer, et Dominique de Villepin, ancien Premier ministre français, a pris la parole pour analyser cette situation avec gravité et nuance. Lors de son passage sur France Info, il a dénoncé la tentation, en France, de faire de l’Algérie un bouc émissaire, particulièrement en matière d’immigration. Mais son propos va bien au-delà d’une simple critique : il invite à une réflexion profonde sur le respect de l’Histoire partagée entre les deux rives de la Méditerranée.
Dominique de Villepin décrit une “dégradation” des relations entre Paris et Alger, qui a atteint des niveaux préoccupants. “De dégradation en dégradation, on en vient à des accusations qui dépassent de loin toute réalité”, a-t-il déclaré, évoquant des discours en France qui frisent la réécriture de l’Histoire. Des historiens, algériens et français, rappellent régulièrement les crimes de guerre et crimes contre l’Humanité commis durant la colonisation, un sujet central dans les tensions actuelles.
L’Algérie exige, de son côté, une reconnaissance des crimes coloniaux par la France. Les chiffres avancés par les autorités algériennes sont lourds : près de 5 millions de morts, des déplacements massifs de population, le pillage des richesses, et le vol de milliers de documents historiques, certains remontant à l’époque ottomane. Ces éléments alimentent une “guerre des mémoires”, selon Villepin, qu’il juge “absurde” et contre-productive.
L’ancien Premier ministre critique également la mise en avant, en France, de l’Accord de 1968, lié aux Accords d’Évian, comme symbole de tensions autour de l’immigration. Cet accord, qui accorde des conditions favorables aux Algériens en France, est aujourd’hui instrumentalisé selon lui. “C’est vouloir ouvrir une guerre avec l’Algérie”, a-t-il alerté. Villepin prône une approche différente : un dialogue fondé sur le respect mutuel et la reconnaissance d’une Histoire commune.
Pour lui, la question des Algériens en situation irrégulière ou détenus en centres de rétention ne peut être résolue qu’à travers une coopération sincère avec Alger. “Cela implique le dialogue, le respect, et la capacité d’assumer cette Histoire qui est partagée”, a-t-il martelé.
Dans ce contexte tendu, Dominique de Villepin a également critiqué la récente décision d’Emmanuel Macron de reconnaître la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental. S’il comprend l’objectif de rapprochement avec Rabat, il estime que cette démarche aurait dû s’inscrire dans un cadre multilatéral, en concertation avec l’Algérie et sous l’égide des Nations Unies. Cette omission risque d’aggraver encore les tensions avec Alger.
L’appel de Dominique de Villepin est clair : la France et l’Algérie doivent trouver des solutions communes basées sur le respect et la reconnaissance de leur passé. “Nous avons une Histoire si importante des deux côtés de la Méditerranée”, a-t-il rappelé. Laisser les blessures du passé diriger les relations actuelles revient, selon lui, à nourrir des rancunes au détriment de l’avenir.
Alors que les tensions continuent de s’exacerber, le discours de Dominique de Villepin appelle à rompre avec les logiques de confrontation pour reconstruire une relation apaisée et tournée vers l’avenir. Pour lui, l’Algérie n’est pas seulement un pays ami, mais un pays frère. Cette fraternité, ancrée dans l’Histoire, la géographie, le commerce, la langue, la culture et les liens humains profonds entre les deux nations, doit rester au cœur des relations franco-algériennes. La diaspora algérienne en France, tout comme les Français vivant en Algérie, incarnent ces liens indéfectibles. Cependant, Dominique de Villepin met en garde contre le risque d’une rupture causée par des influences et pressions extérieures. Il insiste sur un fait essentiel : la France ne peut pleinement être elle-même sans cette relation privilégiée et fraternelle avec l’Algérie, bien avant tout autre pays dans le monde.